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Sylvie Lacerte

9 Evenings et Experiments in Art and Technology

Lucy R. Lippard, Six Years: The Dematerialization of the Art Object (1973)
Conclusion

Dans la postface de Six Years, Lucy R. Lippard conclut par une réflexion lucide que les historiens de l’art spécialisés dans l’art conceptuel ont peut-être négligée. Elle déclare :

« Toutefois, l’art conceptuel n’a pas encore démoli les vraies barrières entre le contexte artistique et ces disciplines externes — sociales, scientifiques, universitaires — dont il se nourrit. Si les artistes peuvent maintenant mettre des concepts techniques au service de leur propre imagination, plutôt que de se débattre avec des techniques de construction qui dépassent leurs capacités et leurs moyens financiers, l’interaction entre art et mathématique, art et philosophie, art et littérature, reste primaire. (1) »

Cependant, Lippard ne mentionne pas la technologie dans son énumération des « disciplines externes », ni les expériences réalisées à la même époque par certains artistes conceptuels sous les auspices de EAT. Comme, d’ailleurs, Billy Klüver qui ne tient pas compte des gens loin de sa philosophie artistique. Ces deux phénomènes semblent vivre séparément au sein d’une sorte d’autarcie.

En outre, si 9 Evenings n’est pas le résultat d’une dématérialisation de l’objet d’art en soi, comme le comprend Lippard dans sa définition de l’art conceptuel, les performances représentent une fugacité impossible à transformer en un produit capable de franchir le seuil du marché de l’art comme l’art conceptuel l’a fait. En effet, les idées des artistes conceptuels ont connu un tel succès que le marché de l’art international a trouvé une façon positive de capitaliser sur le « Zeitgeist » de ce mouvement, même si les artistes ont d’abord cherché à échapper aux réseaux capitalistes de l’art bourgeois traditionnel.

Déclarer l’échec total des entreprises d’art et technologies des années 1960 serait simpliste. Sur quelle base l’auraient-elles été? Parce que le marché ne les a pas « récupérées »? L’investigation des origines de l’art contemporain en général et des mouvements artistiques conceptuels et technologiques en particulier permet de rapidement comprendre que la plupart des projets artistiques de cette période intense concernaient (et concernent toujours) l’expérimentation et l’abolition de frontières afin d’ouvrir des territoires inconnus, fussent-ils matériels ou immatériels.

Sylvie Lacerte © 2005 FDL

(1) Lippard, op.cit., p. 263. [Traduction de Françoise Charron]