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Sharon Daniel

(Oakland, Californie, États-Unis)

Tod Machover, Brain Opera, 1994-2000
Tod Machover, Brain Opera, 1994-2000 Tod Machover, Brain Opera, 1994-2000 Tod Machover, Brain Opera, 1994-2000
Sharon Daniel, vidéaste et praticienne des arts médiatiques, s'intéresse à l'esthétique des bases de données et à la conception d'interface. Elle élabore de nouvelles technologies de l'information et de communication afin de concevoir des systèmes qui permettent aux utilisateurs non seulement de développer des bases de données à partir de leurs propres expériences mais aussi de structurer et d'interpréter eux-mêmes les données.

Sharon Daniel, Strange Attraction, 1993-1994 Sharon Daniel, Narrative Contingencies, 1997-présent Sharon Daniel, Signal-to-Noise, 1996 Sharon Daniel, Signal-to-Noise, 1996

Daniel est titulaire d'un baccalauréat en musique de la Baylor University, d'une maîtrise en musique, production et direction d'opéras, de la University of Texas et d'une maîtrise en beaux-arts de la University of Tennessee, Knoxville. Elle est présentement professeur adjoint en cinéma et médias numériques à la University of California, Santa Cruz. Elle était auparavant chargée de cours en art vidéo à la Rhode Island School of Design et au programme en arts visuels du MIT ainsi qu'artiste invitée à la St. Martin's School of Art de Londres. Ses installations ont été exposées au Brésil, en France et aux États-Unis, notamment au Center for Advanced Visual Studies du MIT, au Massachusetts, The Kitchen, à New York, ainsi que de nombreux autres lieux de présentation.

Daniel s'intéresse avant tout à ce qu'elle qualifie de « systèmes de collaboration ». Elle définit ces systèmes comme des « cadres expérimentaux dans lesquels individus et technologies interagissent et collaborent afin d'inventer et de réinventer leur environnement » (1). Ses installations et son art Internet témoignent de l'exploration de ces systèmes.

L'intérêt de Daniel pour l'interaction et la collaboration apparaît dans son travail en vidéo pour Brain Opera de Tod Machover. Cet « opéra » interactif inspiré par le travail de Marvin Minsky, pionnier de l'intelligence artificielle, a été réalisé au Media Laboratory du MIT. Daniel était directrice de la conception visuelle, vidéaste et graphiste pour la production de l'opéra, dont la première a eu lieu en 1996, à New York, dans le cadre du Lincoln Center Festival et de la Internet World Expo. On a décrit l'opéra comme « un prolongement naturel du projet d'hyperinstrument du Media Lab du MIT, lequel a débuté en 1986 » (2). Les hyperinstruments répondent aux réactions et aux mouvements particuliers d'une personne afin d'amplifier la musique et les sons instrumentaux créés par le musicien. Avant la présentation de l'opéra, le public traverse la Mind Forest, un environnement imaginé par Machover et ses collègues qui est, en fait, un hall rempli d'hyperinstruments. Les gens sont invités à jouer ces instruments, les sons produits étant intégrés dans l'opéra. Les hyperinstruments, les sons interactifs et les installations vidéo reflètent les voix et les sons du public, contribuant ainsi à créer un opéra unique chaque fois qu'il est joué. L'opéra a fait l'objet de maintes représentations : Ars Electronica (Linz, Autriche), Electronic Cafe International, European Cultural Capital Celebrations (Tokyo, Japon), NexOpera Festival (un projet Nexsite), Ebisu Garden Place et Kravis Center for the Performing Arts (West Palm Beach, Floride). Il est désormais installé en permanence à la New House of Music (Vienne, Autriche).

Daniel a également réalisé en solo plusieurs installations et projets Internet. Strange Attraction: Non-Logical Phase-Lock Over Space-like Intervals (1993-1994) a été présenté au Center for Advanced Visual Studies du MIT et publié dans Technology Review. Strange Attraction a été créé pour quatre participants et chaque individu est relié à un dispositif sensible à son pouls, ses rythmes corporels, sa respiration et sa transpiration. Les données extraites par le système servent à modifier les paysages sonores ainsi que les images et séquences vidéo de l'installation. Grâce à une caméra fixée sur une partie de son corps, le participant est en mesure de percevoir l'activité même de la perception. « L'expérience amenait les participants à examiner la nature involontaire de l'intersubjectivité dans la prise de conscience de la perception. » (3)

Depuis 1995, Daniel travaille également à la conception de projets Internet faisant appel aux systèmes de collaboration qu'elle expérimente. Alive, Dreams and Illusions (1995), un environnement virtuel dénué de matériel informatique et destiné à des participants en réseau ainsi qu'à des agents autonomes, a été présenté lors de SIGGRAPH '95. Son projet Internet Narrative Contingencies (1997 jusqu'à ce jour) est une narration non linéaire interactive qui permet aux participants de contribuer à l'œuvre en ajoutant textes et images. Dans ce projet, elle utilise Le Ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras et Subversive Intent de Susan Rubin Suleiman, deux textes choisis par plusieurs femmes parce que le roman décrit avec réalisme un personnage féminin et le texte théorique traite d'un sujet primordial pour les femmes. Le projet comprend une base de données dans laquelle l'artiste a intégré des extraits choisis au hasard dans chacune des œuvres. Le programme établit une correspondance entre un extrait provenant de la base de données et un « carré sémiotique » qui sert à sélectionner une image qui illustrera chaque texte. Les visiteurs du site Web Narrative Contingencies peuvent jouer avec ce système complexe et créer leurs propres narrations à partir de la base de données. Les images et les textes, choisis au hasard par une sorte de coup de dé virtuel, contribuent ainsi à élaborer une histoire unique pour chaque visiteur.

Signal-to-Noise (1996) se présente comme une conversation qui se déroule sur le Web et propose un discours théorique reliant images, textes et sites par l'entremise de réseaux d'associations.

La DeCordova Museum Virtual Gallery a inauguré ce site et celui de Narrative Contingencies en février 1997. Daniel a récemment terminé Subtract the Sky, une œuvre d'art public conçue comme un environnement Internet pour réaliser des « cartes » (réelles, métaphoriques ou conceptuelles). Subtract the Sky élargit le contexte de l'art public en habilitant les gens et les collectivités à façonner un environnement en ligne qui se veut une collaboration esthétique, intellectuelle et politique. Le système offre aux utilisateurs la possibilité de construire des bases de données témoignant de leurs propres expériences, de manipuler des images, des sons et des textes et de chercher ou d'ajouter de l'information à la base de données du site. Subtract the Sky s'appuie sur les vecteurs épistémologiques et esthétiques de la cartographie pour constituer des archives d'histoires personnelles. La fondation Daniel Langlois a soutenu le développement du programme informatique nécessaire à la création de l'œuvre.

Angela Plohman © 2000 FDL

(1) Sharon Daniel, « Database Aesthetics: Issues of Organization and Category in Online Art », 8 août 2000.

(2) Scott Wilkinson, « The Phantom of the Brain Opera », Electronic Musician, janvier 1997

(3) Sharon Daniel, Strange Attraction : Non-Logical Phase-Lock Over Space-like Intervals, 1er septembre 2000.