Jean-Pierre Boyer, L'eau d'oubli, 1973.
Fondation Daniel Langlois. Collection Jean-Pierre Boyer.
Jean-Pierre Boyer, Chant magnetique, 1973.
Fondation Daniel Langlois. Collection Jean-Pierre Boyer.
Diana Burgoyne, Hanging One, 1989.
De Fabriek, Eindhoven, Pays-Bas.
Gracieuseté de Diana Burgoyne.
Jana Sterbak, Remote Control (1989).
Gracieuseté de l'artiste.
Alan Dunning, Translation, 1991.
Photo © Musée des beaux-arts du Canada.
Gracieuseté de Alan Dunning et du Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Don de l'artiste, Calgary, 1995.
Alan Dunning, Paul Woodrow, The Einstein’s Brain Project : The Madhouse, 1995-2001.
Installation médiatique avec environnement en réalité virtuelle. Cet environnement immersif permet aux participants de mettre en commun le contenu de leurs perceptions individuelles en expérimentant simultanément le processus de rétroaction.
Gracieuseté de Alan Dunning.
Nell Tenhaaf, Species Life, 1989.
Bois, ampoules fluorescentes, plexiglass et Duratrans.
Gracieuseté de Nell Tenhaaf.
Dans
Very Nervous System (1986-1990) de David Rokeby, par contre, la technologie n’est pas du tout visible. En fait, il n’y a pas d’objet dans cette œuvre : l’objet a disparu. Ce sont les spectateurs qui activent l’œuvre au fur et à mesure que leurs corps produisent des sons leurs révélant la présence de l’œuvre.
Very Nervous System est l’œuvre-phare de Rokeby. Comme le
Boyetizeur de Jean-Pierre Boyer, elle relève à la fois de l’art, de l’invention, et de l’outil de production.
On retrouve ce même type de réseau entre le public et l’œuvre dans
Hanging One de Diana Burgoyne (1989). Le trio artiste-machine-spectateur mis en place par Burgoyne rappelle le
Remote Control (1989) de Jana Sterbak en ceci qu’elle propose la création d’un réseau social distribué. Des œuvres comme
Remote Control et
Hanging One témoignent de l’abandon de la matérialité au profit de systèmes informatiques distribués entre le corps du spectateur et le corps de l’œuvre, et, dans le cas de Burgoyne, du corps de l’artiste.
Avec l’avènement des systèmes distribués est née la possibilité de créer des environnements immersifs.
Translation (1991), de Alan Dunning, est une œuvre ouverte qui tire son origine du travail de traduction de la mère de l’artiste. En reproduisant à une échelle disproportionnée une tache aperçue sur une page du travail de sa mère, l’artiste a créé une œuvre fondamentale au sein de sa propre démarche dans la mesure où elle rappelait les expérimentations qu’il avait faites avec les premières machines Xerox tout en annonçant les expériences de réalité virtuelle qu’il mènerait dans le cadre du
Einstein’s Brain Project (1995-2001).
Les questions qui préoccupaient Dunning au moment où il est passé des œuvres immersives concrètes aux œuvres immersives virtuelles sont les mêmes que celles articulées par Catherine Richards et Nell Tenhaaf lorsqu’elles ont organisé ensemble l’événement
Bioapparatus au Banff Centre for the Arts en 1991. Cet événement rassemblait des artistes venus de tous les coins du Canada pour réfléchir aux liens possibles entre les nouvelles technologies et le corps humain. Dans
Species Life (1989), Nell Tenhaaf s'intéressait à la façon dont la nouvelle biologie traitait du génome, tout en opérant une critique de l’objectivité scientifique. Dans
Spectral Bodies (1991), Richards se livrait aussi à une critique de la science en explorant les notions de simulation et de subjectivité. Le riche dialogue qui a eu lieu entre Richards et Tenhaaf a incité les artistes à s’interroger sur leur rôle au sein des débats scientifiques à propos de la technologie. Le document produit à la suite de cette conférence est l’un des livres les plus intéressants qui aient été écrits sur la façon dont les artistes canadiens perçoivent leur rapport à la technologie. Désormais épuisé et peu disponible en bibliothèque,
Bioapparatus est un texte essentiel, qui devrait être reconnu pour son apport au discours sur les arts médiatiques à une époque où les artistes et les chercheurs avaient du mal à articuler une réflexion sur ce nouveau genre de pratique.