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Vishal Rawlley

Legend of the Sea Lord

Le bord de mer à Mumbai
Legend of the Sea Lord utilise une merveille d'ingéniosité technologique pour créer un spectacle mythologique à l'intention des gens qui visitent le bord de la mer. L'installation vise à sensibiliser les citoyens de Mumbai (Inde) à la pollution de l'eau et à engager un dialogue public sur le sujet.

Conçue entièrement par Rawlley, l'installation repose sur le mythe suivant : indigné de voir les rives de Mumbai servir de dépotoir, le Sea Lord (seigneur de la mer) décide d’abandonner complètement la ville. La mer se retire, laissant derrière une masse d’ordures qui jonche le lit sec de la mer. Une puanteur infecte se répand et une peste affreuse ravage les citadins. Désespérés et honteux de leur conduite, les gens implorent et prient le seigneur Ganesh – la divinité la plus vénérée à Mumbai. Touché par leurs excuses sincères, le seigneur Ganesh accepte d’intervenir, mais seulement après les avoir avertis qu’il s’agit de leur dernière chance. Il mandate son fidèle lieutenant, le Rat, de réunir tous les rongeurs de la ville pour qu’ils purgent les rives des ordures. Animés d’une force divine, les rongeurs assainissent promptement et efficacement les rives. Heureux du résultat, le Sea Lord regagne les rives de Mumbai, y ramenant une brise vivifiante et une abondante vie marine et permettant aux navires immobilisés d’appareiller. La ville de rêves vibre de nouveau. Surtout n’oubliez pas, il n’y aura pas d’autre chance! (1)

La composition du numéro de téléphone du Sea Lord active une batterie de lumières flottant sur la mer à peu de distance de la rive. Les lumières clignotent synchroniquement au message audio entendu sur le téléphone. Une voix céleste d'une grande intensité répond au téléphone et informe l'appelant que le Seigneur de la mer est très mécontent des citoyens de Mumbai qui polluent de façon éhontée ses eaux. Afin d'informer l'appelant de la catastrophe potentielle, la voix raconte une courte histoire au sujet de la légende du Seigneur de la mer — et les lumières sur la mer clignotent en harmonie avec les modulations de la voix, ce qui en accentue l'intensité.

Les appelants peuvent laisser leur propre message sur le répondeur du Seigneur de la mer pour exprimer leurs préoccupations relativement à la pollution de la mer et ainsi tenter d'apaiser le Seigneur de la mer et prévenir la catastrophe. L'appelant peut également écouter les messages d'autres appelants et y répondre. En s'inspirant du phénomène de « piratage téléphonique », Rawlley voit le système de boite vocale comme un réseau localisé et indépendant où les gens peuvent laisser des messages et écouter ceux des autres.

Le défi artistique du projet est d'amalgamer de façon créative la technologie et la mythologie en vue de sensibiliser le public. En concevant l'installation comme un divertissement balnéaire et en recourant au langage du folklore, l'artiste tente de créer un mécanisme qui retentit davantage auprès du grand public et qui réussira à susciter son empathie pour l'écologie de la ville.

En fournissant un système public d'audiomessagerie, le projet cherche aussi à engendrer des interactions et des échanges de points de vue au moyen d'un forum public non traditionnel et indépendant, par opposition aux sondages d'opinion commandités, aux débats télévisés et aux tribunes téléphoniques à la radio.

Raphaëlle Aubin © 2007 FDL

(1) Extrait de la proposition de projet soumise à la fondation.