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motiroti

(Londres, Angleterre, Royaume-Uni)

motiroti, Moti Roti Puttli Chunni, 1993
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Créé en 1991 par Keith Khan et Ali Zaidi, motiroti regroupe des artistes qui se consacrent à l'exploration multidisciplinaire et dont le travail a été présenté à l'échelle internationale. Le collectif explore les procédés par lesquels les formes d'expression circulent d'une culture à l'autre et cherche à favoriser les échanges entre plusieurs communautés de Grande-Bretagne. Le mandat de la troupe consiste à rejoindre un auditoire diversifié, composé à la fois de spectateurs rompus au théâtre d'avant-garde et du grand public. La démarche de Moti Roti se situe à la croisée de plusieurs formes d'art. Sa feuille de route compte des productions théâtrales et des performances, mais aussi des installations, des interventions en milieu urbain et des courts métrages.

Commandé par le London International Film Festival (Londres, Angleterre, Royaume-Uni) en 1993, Moti Roti Puttli Chunni (1993) constitue la première tranche d'un cycle de productions théâtrales à dimension épique conjuguant extraits de films et performance des acteurs. Les personnages plus grands que nature du cinéma commercial de Bombay émaillent le quotidien de trois générations d'Indiens vivant à Londres. (1) Ces extraits font office d'interlude dans la trame narrative de la pièce et sont souvent récupérés sur un mode ironique par les acteurs. Salué par la critique pour son audace formelle et thématique, le spectacle Moti Roti Puttli Chunni a remporté le Time Out London Dance and Performance Award. Les pièces One Night (1997) et Maa (1995) utilisent des stratégies analogues pour explorer le fossé culturel entre immigrants indiens de première et deuxième génération.

Keith Khan et Ali Zaidi agissent aussi à titre de scénographes et de metteurs en scène dans le cadre d'événements festifs à grand déploiement tels Flying Costumes, Floating Tombs (1991) créé pour le London International Festival of Theater en 1991. Par ailleurs, d'autres projets adoptent une forme plus modeste, exploitant le registre du rapport intime avec le spectateur. Dans la performance Wigs of Wonderment (1995-2001), motiroti orchestre des tête-à-tête entre les membres du public et des intervenants de la communauté noire de Londres. Cherchant à débusquer les préjugés latents chez les spectateurs, la performance s'accompagne de jeux de mascarades et de travestissement. Depuis 1995, l'événement a été repris dans plusieurs festivals en Europe, dont le Beweeging 5, à Anvers en 1999. motiroti utilise le tissu urbain comme un site d'interventions à la fois ludiques et politiques. Dans The Seed, The Root (1995), des visites guidées organisées par le collectif permettent aux spectateurs d'explorer les marchés Spitalfields et Brick Lane dans l'est de Londres.

Bien que surtout connus pour leurs performances, les membres de motiroti ont présenté de nombreuses installations dans des galeries et des musées. Dès 1993, l'installation Captives, présentée au New and Old Walsall Museum and Art Gallery, exploite le thème de l'appropriation culturelle en associant des poissons exotiques sous verre à des objets asiatiques fétichisés en Occident (soie, calligraphie). Fresh Asian (2000), exposée au Warwick Arts Center (Warwick, Angleterre, Royaume-Uni), fait appel à la participation du public pour déconstruire le stéréotype d'une physionomie commune aux Asiatiques. Après s'être auto-déclaré d'appartenance asiatique, chaque visiteur peut se photographier et ajouter son visage à une banque d'images. L'installation se présente sous la forme de triptyques jouxtant un autoportrait et un visage composite condensant les traits de 72 participants (hommes et femmes), réalisé par la technique du morphage. Enfin, une troisième image superpose les traits du participant à ce visage d'apparence neutre.

D'autres projets sollicitent les témoignages des visiteurs. Dans Build (2000), présenté au Tate Modern (Londres, Angleterre, Royaume-Uni), en mai 2000, motiroti collectionne des récits de vie et des autoportraits photographiques d'adolescents britanniques de divers groupes culturels pour saluer l'arrivée du nouveau millénaire. Reality Bytes (2000), compilation sur CD-ROM, fournit une tribune aux jeunes femmes asiatiques de Nottingham. Il réunit quatre segments, chacun étant attribué à une participante. Par le truchement de courts métrages documentaires et de récits interactifs, les participantes explorent l'héritage transmis par les parents, décrivent leurs expériences au quotidien dans un contexte britannique et posent un regard critique sur les stéréotypes issus du cinéma populaire indien et les médias de masse.

Les œuvres et performances de motiroti sont quelquefois dérivées de projets à plus grande échelle sur des problématiques qui nécessitent une approche multidisciplinaire. C'est le cas d'Alladeen, élaboré avec le collectif The Builders Association (New York, États-Unis), vaste entreprise dont les diverses composantes mettront de l'avant des éléments à la fois subversifs et accessibles dans leur travail de déconstruction des stéréotypes.

Vincent Bonin © 2001 FDL