Veuillez patienter pendant que nous traitons votre requête
Veuillez patienter...

Bill Vorn et Louis-Philippe Demers

(Montréal, Québec, Canada)

Bill Vorn et Louis-Philippe Demers, La Cour des Miracles, 1997
Bill Vorn et Louis-Philippe Demers, Le Procès, 1999 Bill Vorn, Evil/Live, 1997 Bill Vorn, Evil/Live 2, 2002
Né en 1959, Bill Vorn est un artiste en médias qui travaille depuis 1992 en art robotique sous l'égide de Real Noise from Artificial Life. Il a obtenu en 1993 une maîtrise en communications de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et un doctorat en communications du même établissement en 2001. Il enseigne les nouveaux médias à la faculté des beaux-arts de l'Université Concordia, à Montréal.

En 1980, il a été un des membres fondateurs du groupe rock Rational Youth et il a fondé en 1988 une compagnie de postproduction appelée Artefact inc. Depuis les années 1980, il a collaboré avec nombre d'artistes, notamment Louis-Philippe Demers, Robert Lepage, François Girard et Monty Cantsin, en plus d'expérimenter une variété de médias : performance, installations interactives, bandes sonores expérimentales, partitions de bandes sonores, montage audio, création d'éléments pour le cinéma, la vidéo et différents projets artistiques.

Vorn a collaboré de façon féconde avec Louis-Philippe Demers pendant de nombreuses années à la création de plusieurs installations et performances robotiques interactives d'envergure. Ces environnements consistaient essentiellement en éléments robotiques intelligents ou en entités capables d'agir et de réagir en réponse au public. Les principaux thèmes qui sous-tendent leurs installations sont l'immersion, la réactivité et l'interaction, chacun de ces facteurs réagissant surtout à l'intensité du son et de la lumière. Leur démarche consiste à créer « des environnements conçus pour une population de machines et d'organismes cybernétiques, qui constituent des sociétés exprimant des comportements métaphoriques, des lieux qui sont des sites d'immersion surréalistes où les spectateurs deviennent à la fois explorateur et intrus. En créant cet univers de fausses réalités chargées de "douleur" et de "plainte", notre but est de susciter l'empathie du spectateur pour ces "personnages" qui ne sont que des structures métalliques articulées. C'est pourquoi nous voulons souligner la puissance du simulacre en pervertissant la perception des animats, qui ne sont ni des animaux ni des humains, véhiculée par cet inévitable instinct propre à l'anthropomorphisme et à la projection des sensations internes, un réflexe déclenché par toute manifestation qui met nos sens au défi. » (1)

Une des premières créations d'importance de Vorn et Demers s'intitule Espace Vectoriel (1993). Reposant sur les principes mathématiques des vecteurs, l'installation avec son et lumière comprend huit structures tubulaires motorisées et pourvues de haut-parleurs et d'une source lumineuse. Les tubes bougent selon les mouvements subtils du spectateur, l'enveloppant de son et de lumière. Selon un critique, l'expérience serait comparable à celle d'être le seul invité de son propre rave. (2)

En 1995, Vorn et Demers réalisent At the Edge of Chaos (1995), présentée à Images du futur 95, et The Frenchman Lake (1995), à ISEA 95 et au Sonambiente festival à Berlin en 1996. En collaboration avec Ars Electronica Centre, les deux artistes produisent en 1996 une nouvelle installation robotique, No Man's Land (1996). Présentée au Ars Electronica Festival 96, cette installation comprend neuf « espèces » de robots dont chacune représente des traits de comportement spécifiques. Les robots sont dispersés dans l'emplacement de l'installation et les visiteurs circulent autour d'eux, déclenchant des actions particulières à chaque espèce. Dans le catalogue du Ars Electronica Festival 96, Vorn et Demers décrivent en détail les robots et la complexité de leurs positions au sein du lieu d'exposition et affirment que les organismes se présentent comme des « métaphores des sociétés naturelles : on y trouve parasites, charognards, colonies, troupeaux, etc ». (3) Plus complexe dans sa présentation et dans le nombre de robots à l'œuvre dans l'espace, No Man's Land prolonge le travail précédent du duo et annonce les environnements extravagants qui suivront.

La Cour des Miracles (1997) est une autre grande installation robotique interactive créée par Vorn en collaboration avec Demers. Présentée entre 1997 et 1999 à ISEA 97 (Chicago, Illinois, États-Unis), au Musée d'art contemporain de Montréal (Montréal, Québec, Canada), à V_2 Organisatie (Rotterdam, Pays-Bas), au IndustrieProjekt festival (Brück, Allemagne), et au Musée de Soissons (Soissons, France), La Cour des Miracles est une attaque sensorielle menée par de nombreuses entités robotiques qui habitent bruyamment le lieu d'exposition et réagissent de façon convaincante à la présence des visiteurs. Voici ce que notait le critique John Massier :

« Au même moment, des clôtures métalliques, des échafaudages, des feuilles de métal, des barils d'huile, des ampoules rouges de théâtre, des stroboscopes, et un orchestre de sons cacophoniques (lamentations, sanglots, cris) s'abattent sur le spectateur. Le miroir est brisé. De l'autre côté se trouve une fosse industrielle sordide que l'on doit traverser en suivant de longs et étroits corridors qui serpentent dans l'espace. En cours de route, on croise ici et là les habitants de La Cour des Miracles, trente robots qui chancellent et trébuchent comme des enfants mutants, bâtards de Terminator. » (4)

La dernière collaboration de Demers et Vorn s'intitule The Trial/Le Procès (1999). Ce projet de performance robotique fait partie de Zulu Time (1999) le cabaret technologique de Robert Lepage. À son invitation, différents artistes ont proposé des éléments pour la production théâtrale, Vorn et Demers fournissant plusieurs interprètes robotisés pour le spectacle.(5)

Comme artiste en solo, Vorn a créé des installations et des logiciels. En 1996, il a conçu Life Tools, une série d'outils pour logiciel (MAX) utilisant les fonctions algorithmiques de base de la vie artificielle, que l'on peut télécharger depuis son site Web. En 1997, il a produit Evil/Live 01 (1997), (6) une installation interactive avec son et lumière « basée sur The Game of Life, un automate cellulaire inventé par John Conway en 1970 ». (7)

L'installation consiste en une structure comprenant 64 ampoules halogènes et quatre haut-parleurs accrochés à un mur du lieu d'exposition. Les motifs dessinés par les lumières, qui changent constamment, sont contrôlés par un programme informatique fonctionnant selon les principes de The Game Of Life. Au fil des déplacements des visiteurs, des capteurs enregistrent leurs mouvements et cette information transforme le son et les motifs lumineux. Cette installation a été présentée au festival Art Rock 98 (Saint-Brieuc, France), à Sonar 98 (Barcelone, Espagne), et au festival Musiques en Scène (Lyon, France) en 1999. Vorn a également travaillé à une autre version de la pièce, Evil/Live 02, qui fait appel à trois structures de son et lumière tandis que la première version n'en comptait qu'une seule.

Vorn a récemment entrepris une nouvelle collaboration avec Simon Penny, en partie subventionnée par la fondation Daniel Langlois. Les deux artistes travailleront à la création de bedlam, une installation qui explore les créatures dotées de vie artificielle.

Angela Plohman © 2001 FDL

(1) Demers, Louis-Philippe et Vorn, Bill. « La Cour des miracles », The Processing Plant, (référence du 14 juin 2001) :

(2) Leblé, Christian. « Quel son fait-il à Hanovre? » Libération, (mardi, le 6 juin 1995), p. 30.

(3) Demers, Louis-Philippe et Vorn, Bill. « No Man's Land », Ars Electronica Festival 96, Linz, Autriche, Ars Electronica Centre/ORF,1996, p. 265.

(4) Massier, John. « Wreckin' Machine » Canadian Art, vol. 15, n° 3 (septembre 1998), p. 86.

(5) Pour une description approfondie des machines et de l'œuvre, voir : http://www.processing-plant.com/

(6) Vorn, Bill, « Description of Evil/Live ». http://www.billvorn.com/

(7) Pour plus d'information à propos de The Game of Life, voir un article de 1970 publié dans Scientific American dans lequel on commente pour la première fois les principes de Conway. http://www.ibiblio.org/lifepatterns/october1970.html