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ZKM, Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe

(Karlsruhe, Allemagne)

Fondé en 1989, le ZKM est un organisme international de premier plan en art médiatique. En 1988, un groupe de travail composé d'universitaires et de praticiens suggérait de créer un centre consacré à l'art et aux médias à Karlsruhe, en Allemagne, idée que les gouvernements locaux ont acceptée. Ce projet novateur consistant à introduire l'art médiatique au sein d'un environnement institutionnel démarrait moins d'un an après avoir été proposé. Le ZKM compte parmi les premières grandes institutions au service exclusif des arts médiatiques et de sa diffusion, avec le Ars Electronica Center à Linz, en Autriche (inauguré en 1996) et le InterCommunication Center à Tokyo (inauguré en 1997). Pourtant, de façon prévisible et pour des raisons diverses, l'établissement du ZKM a essuyé de l'opposition.

« Les critiques reposaient pour beaucoup sur un scepticisme à l'égard de la technologie, et l'aspect précurseur du projet alimentait la prudence et le rejet. Chez d'autres, la préoccupation venait de la prise de conscience que le Centre proposé engendrerait sans doute un défi de taille à la catégorisation conventionnelle de l'art. » (1)

Le ZKM inaugure ses activités avec Multimediale, un festival biennal d'arts médiatiques institué en 1989. Avant même l'aménagement du ZKM dans un édifice permanent, l'organisme et Jeffrey Shaw, fondateur et directeur de l'Institute for Visual Media du ZKM, présentent plusieurs expositions aux citoyens de Karlsruhe, introduisant les arts médiatiques et l'interactivité dans la sphère publique. En 1992, le ZKM tient sa première exposition, Bitte Berühren (S.V.P. Touchez), dans la crypte de l'église évangélique de Karlsruhe.(2) À la même époque, le ZKM invite des artistes à créer des œuvres, dans des ateliers installés à Karlsruhe selon les lieux disponibles. Les premières réalisations du ZKM ont été présentées en 1993 lors d'une exposition intitulée NewFoundland dans le cadre de Multimediale 3.

Entre-temps, la construction du nouveau centre débute en 1993 pour se terminer en 1997. Tel qu'on le connaît aujourd'hui, le ZKM comprend sept départements : le Museum of Contemporary Art, le Media Museum, le Media Library, le Media Theatre, l'Institute for Visual Media, l'Institute for Net Developments, et l'Institute for Music and Acoustics. Tous se consacrent à l'avancement de la recherche et du développement en art médiatique. L'organisme occupe une ancienne et énorme usine de munitions, rénovée pour loger de vastes lieux d'exposition, un laboratoire médiatique, des bureaux et un théâtre.

L'inauguration du ZKM a été célébrée avec l'exposition Media-Art-History (1997), qui présentait les œuvres d'artistes comme Luc Courchesne, Lynn Hershman, Bill Seaman, Ken Feingold, Jill Scott et Masaki Fujihata. Accompagnant l'exposition, un magnifique catalogue commentait les musées consacrés aux médias, l'histoire de l'art médiatique et des œuvres faisant appel aux médias(3), et mettait en valeur l'importance du centre pour ces artistes. Comme l'affirme Hans-Peter Schwartz, directeur du Media Museum :

« Le ZKM s'est donné comme objectif d'offrir au moins un espace plus sécuritaire à ces courageux commentaires artistiques portant sur une technologie presque écrasante. À plus d'une reprise, les artistes ont dû se battre pour pouvoir exister dans le passé, incapables de trouver un lieu d'accueil tant dans les institutions traditionnelles où l'art est conservé ou vendu que dans la diaspora des sociétés scientifiques et du divertissement. » (4)

SurroGate (1998), lancée un an après l'inauguration du ZKM, s'intéressait à l'interactivité dans ses formes les plus complexes et présentait le travail d'artistes tels que Ken Feingold et le Knowbotic Research Group.

« SurroGate décrit de nouvelles formes d'expression et des espaces d'expérience inconnus : des modèles de mondes virtuels qui demandent coopération et interaction coordonnée de la part de plusieurs visiteurs. Ces derniers peuvent soit interagir ensemble sur place ou être reliés par l'intermédiaire d'un réseau. Certaines pièces exposées lient des mondes d'objets réels et virtuels, d'autres ont comme thème la réalité sociale et les processus sociaux. Ces œuvres montrent notamment qu'aujourd'hui, nombre d'artistes vont au-delà du contexte esthétique et questionnent l'influence ambivalente de la technologie et sa responsabilité imprécise. » (5)

En 1999, le ZKM présentait Video Cult/ures, une exposition consacrée à l'examen et à la présentation des tendances en art médiatique pendant les années 1990. Parmi les expositions récentes souvent signalées par les théoriciens, les commissaires, les artistes et les chercheurs œuvrant en art électronique, mentionnons Net_Condition, en 1999-2000, une des premières à se pencher sur l'art électronique dans un contexte muséal. L'exposition ne traitait pas seulement des pratiques artistiques dans Internet mais aussi des façons efficaces et réalistes d'exposer l'art électronique. Le ZKM avait alloué un ordinateur à chaque œuvre pour en faciliter la présentation hors ligne. Bien que le problème de la présentation de l'art électronique et la question de savoir si cet art devrait même être exposé n'aient certes pas été résolus lors de cet événement, le commissaire en chef, Peter Weibel, et le ZKM ont néanmoins introduit ces importantes problématiques à l'avant-scène et invité les autres à s'y attaquer. Ce désir de provoquer et de débattre des discours existants a favorisé une réflexion sur la place de l'art médiatique au sein des grandes institutions, et le ZKM continue de frayer la voie dans la recherche sur la présentation de ce type d'œuvres.

Par ailleurs, le ZKM possède une des plus importantes collections d'art médiatique au monde, des années 1960 jusqu'à maintenant. Le Museum of Contemporary Art du ZKM présente constamment des pièces de sa collection. Le ZKM est également un chef de file dans le domaine des projets de publications novateurs. La plupart des catalogues d'exposition du centre sont accompagnés de cédéroms. En outre, le ZKM a entrepris une nouvelle série de publications de cédéroms intitulée Artintact , en vue de diffuser des œuvres autrement difficiles à documenter par des moyens traditionnels tels que la photographie et la vidéo. (6)

Le ZKM a toujours maintenu une programmation d'expositions fort active. Outre la présentation de plusieurs expositions majeures telles que Olafur Eliasson: Surroundings Surrounded (de mai à août 2001) et CTRL [SPACE] (de septembre 2001 à février 2001), une exposition fouillant l'esthétique et les politiques associées à la surveillance, le ZKM a organisé une nouvelle exposition d'envergure, Future Cinema, en partie subventionnée par la fondation Daniel Langlois. Cette exposition met l'accent sur les nouvelles tendances dans la pratique cinématographique faisant appel aux technologies numériques.

Angela Plohman © 2001 FDL

(1) ZKM, Center for Art and Media Karlsruhe, textes allemands compilés par Sylvie Peine, édités par Katharina Wurm; textes anglais traduits et édités par Elizabeth Clegg, München, Prestel, 1997.

(2) Voir Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe: Drei Projekte: "Bitte Berühren": Interaktive Videoinstallationen: Deutscher Videokunstpreis '92: ZKM Karlsruhe und SWF Baden-Baden : "Weinbrenners Traum": computersimulation, Karlsruhe, ZKM/Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe, 1992.

(3) Voir Schwarz, Hans-Peter, Media-Art-History: Media Museum: ZKM - Center for Art and Media Karlsruhe, München, Prestel; Karlsruhe, ZKM/Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe, 1997. Également lancée au même moment, une exposition d'art contemporain montée à partir de la collection du ZKM intitulée Contemporary Art - Change of View, 1997. Voir Contemporary Art: Change of View, (sous la direction de) Klotz, Heinrich, München, Prestel; Karlsruhe, ZKM/Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe, 1997.

(4) Ibid. p. 8.

(5) « SurroGate », ZKM.

(6) Voir Artintact: CD-ROMagazin interaktiver Kunst / Artists' interactive CD-ROMagazine, Karlsruhe, ZKM/Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe, Ostfildern, Cantz Verlag, 1994.