Veuillez patienter pendant que nous traitons votre requête
Veuillez patienter...

Lorella Abenavoli

Le Souffle de la terre

(Paris, France)

Lorella Abenavoli, Le Souffle de la terre, étude nº 5,  2004 (video)
Lorella Abenavoli, Le Souffle de la terre, étude nº 5,  2004 (video)
Lorella Abenavoli, Bitume et acier, 1995 Lorella Abenavoli, Bitume et acier, 1995 Lorella Abenavoli, Bitume et acier, 1995
Au cœur de la pratique de cette jeune sculpteure de formation, née à Paris en 1966, se trouve une réflexion sur les relations entre les arts plastiques et le temps. Déjà dans ses premiers travaux (Bitume, 1991; Bitume et Acier, 1995) se manifeste cet intérêt : un bloc de bitume se transforme lentement, se liquéfie, révélant une structure en acier. Non seulement le temps agit-il sur l'œuvre, mais on assiste aussi à un mouvement de la matière. L'artiste tente ainsi d'échapper à l'opposition forme/matière, s'intéressant davantage aux processus qu'aux états, explorant les questions de la perception et du mouvement. Par ailleurs, il s'agit aussi d'examiner cette frontière fluctuante entre le perceptible et l'imperceptible.

Ce nouveau projet de sculpture acoustique, Le Souffle de la terre, s'inscrit dans la suite logique de sa démarche artistique, en ce que l'artiste veut rendre audible à l'oreille humaine les vibrations terrestres. Donner corps à l'intangible, « à ce qui constitue l'être intime de la matière, son mouvement ». À cette fin, elle réalise un outil : le logiciel SdT (Son de la Terre) qui permet de transformer les ondes infragraves de la Terre en son. En étroite collaboration avec des géophysiciens, des ingénieurs, et faisant appel aux nouvelles technologies, Abenavoli a exploré le potentiel d'application du logiciel SdT. Au départ, des sismomètres électroniques enregistrent les mouvements les plus subtils de la croûte terrestre, que nous ne percevons pas, et qui constituent, selon l'artiste, « une sorte de respiration rythmée par les marées lunaires et solaires ». Ce sont donc ces mouvements imperceptibles qui constituent la matière du projet. Grâce aux médias numériques, l'artiste transfère les ondes telluriques dans le domaine de l'audible, de l'infrasonore au sonore. À la suite d'expérimentations avec cette « matière » et sa traduction qui consistent à explorer les possibilités du logiciel sur un vaste corpus de signaux sismiques, l'artiste a abordé le travail plastique comme tel : élaborer le système de re-présentation à partir duquel la forme sonore pourra se déployer, se diffuser dans l'espace. Finalement, ce projet pourrait donner lieu à une œuvre permanente « qui nous enveloppera et à l'intérieur de laquelle on éprouvera la respiration terrestre ».

Jacques Perron © 2000 FDL