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Jessica Loseby

views from the ground floor

Jessica Loseby, views from the ground floor, 2003
Jessica Loseby, views from the ground floor, 2003 Jessica Loseby, views from the ground floor, 2003
Avec son nouveau projet en deux volets, Loseby veut aménager un nouvel espace pour sa pratique. D’une part, tout en poursuivant ses intérêts, axés sur le banal et le domestique, elle souhaite élaborer un corpus d’œuvres présentées en ligne que l’on pourrait décrire comme un net.film interactif, compte tenu de sa longueur, de son intensité et de sa narration. D’autre part, ce corpus sera présenté dans des lieux d’expositions. Elle abordera donc l’espace physique pour la première fois, sous forme d’installations, afin d’introduire son travail dans le contexte de l’art traditionnel, espérant ainsi élargir son public. L’installation se présentera sous forme de deux projections interactives, une projection vidéo et un élément sculptural.

D’emblée, views from the ground floor adopte un ton différent des œuvres précédentes. L’œuvre se présente comme une série de scènes. On se promène dans le site allant d’une scène à l’autre, comme autant de chapitres d’un livre. Reprenant les stratégies de montage et de cryptage mises au point au fil des années, l’artiste insuffle maintenant dans cette œuvre une atmosphère plus calme et mélancolique, la musique est parfois lancinante, on entend le bruit de clochettes animées par le vent, les murmures d’enfants, le bruit d’un robinet qui goutte, des paillettes de lumière neigent dans l’écran, des notes de piano s’égrènent lentement...

Plus ambitieuse que les œuvres antérieures, views from the ground floor conjugue avec raffinement les différents éléments convoqués dans l’élaboration de l’œuvre – visuels, sonores, textuels. Chaque scène se présente comme étant abouti, susceptible d’une existence propre, mais Loseby tisse des réseaux de sens d’une scène à l’autre, provoque des sensations, sans pour autant imposer un mode de lecture. On a l’impression que l’artiste accorde plus de place à sa vie de famille. Ses enfants, toujours présents dans le passé mais de façon plus cryptés, deviennent plus présents, ne serait-ce que dans les textes. Une réflexion sur le temps, son passage, sa fugacité, est également perceptible. Peut-être serait-il précipité de parler de maturité dans le cas d’une jeune artiste mais, à la suite des premières œuvres, sarcastiques et pleines de colère, c’est bien ce qui s’impose, sur le plan du contenu et du contenant, avec views from the ground floor.

Jacques Perron © 2003 FDL