Veuillez patienter pendant que nous traitons votre requête
Veuillez patienter...

Golan Levin

Messa di Voce

Golan Levin, Messa di Voce, 2003 (video)
Golan Levin, Messa di Voce, 2003 (video)
Golan Levin, Messa di Voce, 2003 Golan Levin, Messa di Voce, 2003 Golan Levin, Messa di Voce, 2003
Golan Levin s'intéresse depuis un bon moment à différents types d'images et de sons produits de manière inusitée. Invités durant l'été 2002 comme artistes en résidence par l'Ars Electronica Futurelab, à Linz en Autriche, Levin et Zachary Lieberman conçoivent et produisent RE:MARK (2002) et Hidden Worlds of Noise and Voice (2002). Ces œuvres peuvent être considérées comme des jalons menant à la réalisation de Messa di Voce. Les deux installations sont présentées pour une période de deux ans à l'Ars Electronica Museum of the Future, à Linz.

Golan Levin, RE:MARK, 2002 Golan Levin, RE:MARK, 2002 Golan Levin, Hidden Worlds of Noise and Voice, 2002 Golan Levin, Hidden Worlds of Noise and Voice, 2002

« Si l’on pouvait voir notre parole, à quoi cela pourrait-il ressembler? » (Golan, Lieberman)

Les deux premières installations interactives et audiovisuelles partagent le même thème : les utilisateurs sont en mesure de voir leur voix. En effet, celle-ci est rendue visible sous forme d'images en mouvement qui semblent émerger de la bouche du participant. Dans l'installation Hidden World, les utilisateurs portent des lunettes spéciales permettant de mettre en registre et de superposer des images en 3D. Le son de la voix de l'utilisateur crée des formes abstraites et colorées qui s'amplifient et se modifient selon le timbre et l'intensité. Un large éventail de possibilités audiovisuelles devient ainsi possible. De même, RE:MARK est une installation pour deux personnes qui offre une visualisation interactive de la parole des utilisateurs. Tandis que Hidden Worlds porte principalement sur la voix comme émission de bruit, RE:MARK pousse la recherche vers l'aspect symbolique du mot écrit et prononcé. Dans cette installation, les sons prononcés dans des microphones sont analysés et classés par un système de reconnaissance de phonèmes. Par exemple, si un phonème est suffisamment reconnu, sa graphie est projetée sur l'écran faisant face aux participants. Par contre, si le son n'est pas reconnu, une forme abstraite est générée à partir du timbre de la vocalisation. En outre, les participants se transforment en acteurs, car un dispositif conçu à cet effet leur permet d'effacer les formes avec le mouvement de leurs ombres projetées sur l'écran. Les artistes parlent de ces images, et de cette expérience, comme d'une hallucination consensuelle.

La performance Messa di Voce prolonge ces expérimentations en faisant appel à deux virtuoses du chant et de la voix, Joan La Barbara et Jaap Blonk. (1) Elle découle également d’un intérêt pour le symbolisme phonétique selon lequel le son des mots entretient des liens, dans une certaine mesure et au niveau de la connotation, avec les formes et les textures. Si on compare la performance avec les deux installations déjà mentionnées, cette nouvelle œuvre représente une avancée technologique, car elle nécessite la création d'un système visant une très grande qualité expressive. Autrement dit, le système doit être à la hauteur de la virtuosité des interprètes. Utilisant les derniers développements technologiques en matière de reconnaissance et d'analyse vocale et de détection de mouvement, Messa di Voce reste une œuvre profondément humaine en ce qu'elle explore le sens et les effets produits par la voix. Aucun mot ne sera prononcé, laissant toute la place aux aspects purement formels et soniques du chant, de la poésie et de la performance. Malgré la complexité technologique, le dispositif est simple : une caméra vidéo branchée à un ordinateur détecte la position des performeurs et analyse leur voix. En réponse, différents types de formes apparaissent sur un écran derrière le duo. Les représentations visuelles de leur voix, de leurs cris, de leurs chants — et on peut imaginer le registre de possibilités avec de tels virtuoses — servent aussi de play-back acoustique. En retour, la manipulation des représentations par les interprètes modifie le son de leur voix. Grâce au dispositif de détection, et reprenant ce que Levin nomme « la fiction que la parole puisse vraiment être visible », ces apparitions semblent sortir de la bouche de La Barbara et Blonk.

La performance se compose d’une série de douze séquences développant une progression narrative allant du son pur à la parole et au chant. Chacune des séquences porte un titre à la fois littéral et évocateur, p. ex. : nuages, empreinte de corps, ondoiement, fluide...

Messa di Voce a été présentée, en première mondiale, à l’Ars Electronica Festival le 7 septembre 2003; et en novembre 2003 au Ultrasound Festival, à Huddersfield en Angleterre, et au ICA à Londres, en Angleterre. Certaines séquences de Messa di Voce sont également disponibles sous forme d’installation interactive pour deux personnes. L’installation a été présentée lors du Beta Launch ’03: Eyebeam Artist-in-Residence, organisé par le Eyebeam Atelier Gallery Space, à New York (États-Unis) en octobre et novembre 2003.

Jacques Perron © 2004 FDL

(1) Le site Web consacré au projet offre un excellent matériel documentaire : http://www.tmema.org/messa/