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Usman Haque

(Londres, Angleterre, Royaume-Uni)

Usman Haque, Scents of Space, 2002
Pletts Haque, Scents of Space, 2002 (video)
Pletts Haque, Scents of Space, 2002 (video)
Établi à Londres, l’artiste et architecte Usman Haque conçoit des systèmes architecturaux interactifs et s’intéresse aux moyens utilisés par les individus pour établir des rapports entre eux, mais aussi avec leur environnement. Il réalise autant des espaces physiques que le logiciel et les systèmes qui permettront de les réaliser. Autrement dit, ces systèmes remplissent plusieurs fonctions : détection d’une position dans l’espace, d’un son, d’une odeur, de la température, d’un téléphone cellulaire, etc. S’annonce ici une conception de l’architecture comme « système d’opération ». Il a également créé des installations interactives, des environnements avec projections, des interfaces numériques, des performances et des œuvres pour ordinateur. Ancien partenaire de Josephine Pletts, avec qui il avait fondé la firme d’architectes Pletts Haque, il enseigne présentement au Bartlett School of Architecture, à Londres en Angleterre. Ses installations ont fait l’objet d’expositions à l’Institute of Contemporary Arts (Londres), à Ars Electronica (Linz), à la Hillside Gallery (Tokyo), au Tokyo Metropolitain Museum of Photography (Tokyo), et au Plymouth Arts Center (Plymouth). Ses projets interactifs et en télécommunications ont été publiés dans plusieurs revues comme Artifice, Art and Architecture, Archis, Wired Online, WebMaster, .net magazine, ZDnet, The Architects’ Journal et le RIBA Journal. En 2004, le Japan Media Arts Festival lui décerne le prix d'excellence dans la catégorie « art » pour son projet Sky Ear.

« Où est la poésie dans une technologie qui ne favorise que la rationalité, la littéralité et la vraisemblance ? » (1) En guise de réponse, Usman Haque développe une pratique qui s’articule grâce à deux concepts de son cru : le hardspsace (espace dur) et le softspace (espace mou).

L’architecture se comprend traditionnellement comme la production d’objets physiques et statiques (le hardspsace) qui composent notre environnement et nous enferment avec ses murs, ses plafonds et ses planchers. Peut-on penser l’architecture autrement? Haque s’y emploie en proposant une architecture qui ne boude pas le plaisir des sens (le softspace). Selon lui, le « plaisir » en architecture naît de l’intangible, du non physique : les sons, les odeurs, les couleurs, et même les ondes radio dans le projet soutenu par la fondation. Si le softspace encourage les individus à devenir des performeurs à l’intérieur de leur propre environnement, le hardspace offre le cadre qui anime ces interactions : il revient à l’architecture de concevoir des systèmes capables d’intégrer les deux.

« Le nouveau langage de l’architecture devrait pouvoir stimuler chacun des cinq sens, parce que chaque culture comprend l’espace de façon différente, en utilisant une différente combinaison des sens. » (2)

Cette citation peut se lire comme la prémisse de la pratique de Usman Haque. En effet, son approche est phénoménologique comme le démontrent clairement ses différents travaux. (3) Par exemple, Scents of Space (2002), réalisée en collaboration avec Josephine Pletts et le Dr Luca Turin, est une installation interactive diffusant des odeurs. Lorsque le visiteur pénètre dans l’espace, il fait l’expérience de zones bien délimitées d’odeurs définissant et démarquant des sections de cet espace sans frontières physiques. Chacune des odeurs peut être précisément localisée, permettant ainsi au visiteur de rencontrer de nouvelles odeurs lorsqu’il se déplace, à l’horizontale ou à la verticale, dans la zone interactive. Les odeurs sont diffusées en réponse aux mouvements des visiteurs et elles voyagent lentement à travers l’espace en ligne droite jusqu’au moment où les visiteurs choisissent de mélanger les odeurs avec les mouvements de leur corps. En outre, les mouvements des visiteurs se mélangeant, de nouvelles odeurs sont ainsi créées. L’étude du système olfactif humain a démontré que les odeurs peuvent contribuer à une modification de notre perception et à réveiller des souvenirs. Scents of Space permet à Usman Haque de réfléchir à un espace architectural où, s’il pouvait être précisément « syntonisé » avec des odeurs, il deviendrait possible de créer de nouvelles façons d’expérimenter, de contrôler et d’interagir avec l’espace.

Infinitum Ad Nauseam (2000) est une installation faisant appel à la vidéo, au son et à la participation du public. La rétroaction (feedback) crée des sons à partir d’images et de mouvements et, inversement, des images avec les sons et les mouvements. Les images projetées et les sons amplifiés dépendent des sons émis par les participants et de leurs mouvements dans l’espace. En résultent des images dynamiques qui « conversent » en temps réel avec les visiteurs. Ce qui importe à l’artiste, ce sont avant tout, dans cette installation comme dans la plupart de ses projets, la notion du visiteur comme performeur qui se trouve engagé dans une forme d’échange et de circularité, mais aussi l’équilibre précaire entre vidéo et audio par l’entremise de la rétroaction, dont le potentiel a été exploité avec brio par les pionniers de la vidéo (notamment Steina et Woody Vasulka).

Ces brèves descriptions permettent néanmoins de dégager le sens de sa pratique qui se reflète dans ce désir d’explorer la frontière de plus en plus ténue entre l’art et l'architecture, et d’inviter le public à participer à cette réflexion.

Jacques Perron © 2005 FDL

(1) Usman Haque, « Some thoughts on “hardspace” and “softspace” » (traduction du rédacteur) : http://www.haque.co.uk/papers.php

(2) Usman Haque, « Death of the Architect » (traduction du rédacteur) : http://www.haque.co.uk/papers.php

(3) Pour plus d’informations, consulter le site : http://www.haque.co.uk/