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Rutt/Etra Scan Processor

Démonstration du Rutt/Etra par Bill Etra, circa 1970 (extrait) (video)
Démonstration du Rutt/Etra par Bill Etra, circa 1970 (extrait) (video)
Identification de l'outil

Nom de l'outil : Rutt/Etra Scan Processor
Inventeurs/Concepteurs : Steve Rutt; Bill Etra; Louise Etra
Date de conception : 1973
Date de l'émission du brevet : [197?]
Pays du brevet : États-Unis
Date de commercialisation : 1975
Nom du fabricant : Rutt Electrophysics (New York, N.Y., États-Unis)

Notice historique

Lorsqu’il rencontre Steve Rutt au début des années 1970, Bill Etra termine une résidence au WNET Thirteen Laboratory (New York, États-Unis) et projette de concevoir un processeur de balayage (outil électronique modifiant le balayage de la trame du tube cathodique) pour produire des effets de compression et d’expansion du cadre d’image vidéographique. Rutt s’associe alors au projet d’Etra, car il espère exploiter les possibilités commerciales d’un tel outil en ciblant le marché de l’audiovisuel. Etra pour sa part vise surtout une clientèle d’artistes et des institutions d’enseignement. Bien que non scientifiques, tous deux disposent de connaissances poussées en électronique. Depuis les années 1960, Etra utilise des oscillateurs branchés à des moniteurs dans le cadre de performances. Rutt conçoit des dispositifs stroboscopiques et est familier avec les composants ainsi que le mode opératoire des ordinateurs analogiques. Grâce à une subvention octroyée par le New York State Council on the Art au laboratoire de télévision du WNET Thirteen (New York) et des investissements personnels considérables, Etra et Rutt construisent un prototype entre 1972 et 1973. Louise Etra participe à toutes les étapes de conception et de construction.

Au début des années 1970, des processeurs de balayage existent déjà, dont le Scani-Mate de Lee Harrison et le Paik Abe Scan Modulator de Nam June Paik et Shuya Abe. Ce dernier est construit à partir de pièces recyclées et son alimentation électrique en courant AC crée des effets difficiles à régler et à reproduire. Le prototype du Rutt/Etra Scan Processor calque certaines de ses fonctions sur le Paik/Abe, mais utilise une alimentation en courant DC, qui ne génère pas de distorsions à la sortie. Dans le prototype, Rutt et Etra utilisent alors un écran de télévision vendu en commerce, raccordé aux modules par des câbles. Pour la version définitive de 1973, ils construisent complètement l’écran qui est alors intégré aux autres modules. Au début des années 1970, les appareils de traitement du signal de ce type étaient principalement conçus pour des artistes. Le Rutt/Etra Scan Processor fait exception, car ses concepteurs le commercialisent sous le nom de compagnie Rutt Electrophysics en 1973 et envisagent même de le fabriquer en série. L’entreprise de commercialisation échoue, le coût de production d’exemplaires étant trop élevé et la demande pour ce type d’appareil inexistante dans le secteur de la télédiffusion. Les vidéastes Gary Hill ainsi que Steina et Woody Vasulka, entre autres, utilisent le Rutt/Etra Scan Processor pour étendre le registre de leurs expérimentations avec l’imagerie électronique. Entre 1972 et 1974, les Vasulka explorent les possibilités du Rutt/Etra et créent un de leurs effets vidéo les plus connus, où les régions claires du cadre d’image tirent les lignes de la trame à la verticale et donnent l’illusion de formes tridimensionnelles. Lorsque la source du signal est une image captée par une caméra, ces lignes semblent adopter le relief des objets. Un exemplaire du Rutt/Etra est conservé dans la collection du Experimental Television Center Ltd. de la State University of New York, Binghamton (Binghamton, N.Y., États-Unis).

Description de l'outil

Le Rutt/Etra Scan Processor est constitué de trois boîtiers sur bâti d’équipement. Le premier contient le moniteur et un amplificateur, le deuxième renferme les composants responsables du balayage et le troisième constitue l’interface de contrôle des unités de réglage de la trame et des générateurs de formes d’ondes. À l’époque où l’appareil est commercialisé, deux modèles sont disponibles : le RE 4-A, avec un moniteur de 525 lignes, et le RE 4-B, avec un moniteur de 1050 lignes.

Liste brève des matériaux

Modules de composants électroniques sur bâti d'équipement.

Liste des composants

Unités de réglage des fonctions d’affichage; générateur de forme d'onde; interface audio; additionneur; module de diodes.

Mode opératoire

Le Rutt/Etra Scan Processor est un ordinateur analogique conçu pour manipuler en temps réel, le signal de déviation qui génère le balayage de la trame du tube cathodique d’un moniteur. Dans le mécanisme interne d’un écran de téléviseur normal, les signaux de synchronisation sont réglés par les électroaimants qui guident les mouvements du canon à électrons, de façon à balayer en continu les 525 lignes du tube cathodique. Intégré aux autres composants, le tube cathodique (CTR) du Rutt/Etra Scan Processor est muni de canons à électrons ainsi que de bobines de déviation (yokes) améliorées, afin de calibrer le voltage du signal vidéo ou audio. Les modulations se répercutent alors sur le réseau de lignes de balayage qui sont déviées selon des fonctions d’affichage prédéterminées. Ces fonctions s’exécutent sans générer un phénomène de distorsion ou une perte de résolution de l’image. Contrairement à d’autres ordinateurs analogiques dont le contrôle de voltage découle du branchement de câbles à fiches (l’Image Processor de Daniel Sandin à titre d’exemple), les fonctions du Rutt/Etra Scan Processor se règlent grâce à des molettes et d’autres unités greffées aux panneaux de contrôle.

Les unités de réglage des fonctions d’affichage sont munies de molettes (à rotation droite/gauche) pour effectuer des manipulations précises sur le courant de voltage acheminé vers le tube cathodique. Certaines fonctions permettent, entre autres, d’accroître ou de comprimer la superficie de la trame en variant l’amplitude du balayage vertical (hauteur) ou horizontal (largeur).

La modification en parallèle de la hauteur et la largeur de la trame génère un effet de profondeur qui évoque le zoom avant ou arrière de la caméra. Il est également possible de faire varier l’intensité dans une échelle de gris. D’autres unités de réglage créent l’illusion que la trame se déplace de la gauche vers la droite ou de bas en haut (et inversement, selon que la molette est manipulée dans un sens ou dans l’autre). Il est également possible d’isoler une région de l’image, de la faire basculer et de la déplacer dans tous les sens au sein des lignes balayées (cette fonction n’est disponible que dans certains exemplaires du Rutt/Etra Scan Processor). Des générateurs de formes d’ondes permettent également de moduler la trame selon une pulsation régulière, grâce à des potentiomètres (ou unités de réglage de niveau de voltage). Ces composants font passer un courant électrique directement dans les circuits de déviation. Le générateur de rampe règle le courant grâce à une minuterie qui permet d’opérer un changement de voltage en continu dans un laps de temps déterminé sur une échelle de 0 à 10 volts (dans une direction seulement). Lorsque conjugué aux autres unités de réglage, ce générateur produit des effets d’animation automatique de la trame. Contrairement au générateur de rampe émettant une onde graduée dans son voltage, les générateurs d’ondes en continu animent les motifs grâce à un signal qui monte et descend en permanence. Des molettes font varier le voltage (de la haute vers la basse fréquence et inversement) et les commutateurs le règlent selon trois modes déterminés (bas, moyen, haut). Une autre fonction affiche l’onde selon un motif sinusoïdal, triangulaire ou carré. L’interface audio permet de faire se répercuter le signal simultanément sur le plan audio et vidéo grâce aux unités de réglage et aux générateurs d’ondes. L’additionneur mixe les données à l’arrivée de deux ou plusieurs sources branchées au Rutt/Etra Scan Processor (telles que les caméras, les micros, les magnétoscopes et les incrusteurs) et conjugue l’affichage d’effets générés par les unités de réglage et les générateurs d’ondes. Grâce à 10 points d’entrée vers des diodes, le module de diodes permet de brancher un câble dans la prise femelle d’une unité de réglage et (ou) un générateur d’onde pour émettre un courant opposé à celui qui circule dans ce composant, produisant automatiquement l’effet contraire. Pour enregistrer les effets générés par la modulation de la trame, il est nécessaire de capter l’écran du Rutt/Etra Scan Processor avec une seconde caméra (préférablement munie d’une lentille haute définition) dont le signal sera acheminé vers un magnétoscope ou d’autres appareils de traitement du signal. Le RE-4-B avec moniteur de 1050 lignes dispose d’une capacité de balayage deux fois supérieure à celle du modèle RE-4-A et capte donc l’altération de la trame sans perte de résolution.

Effets

Régler le balayage de la trame du tube cathodique, créer des séquences d’animation de la trame; générer des formes d’ondes vidéo; générer du contenu audio avec les formes d’ondes vidéo; générer des formes d’ondes vidéo avec du contenu audio.

Documents consultés 

Vasulka, Woody. — [Entretien avec Bill Etra]. — 27 p. — Manuscrit. — Retranscription d'entretien. 

Burris, Jon. — [Entretien avec Steve Rutt]. — 34 p. — Manuscrit. — Transcription. 

Instant animation : Rutt electrophysics. — [s.d.]. — [1] p. — Document publicitaire. — Inclus dans le dossier intitulé « Etra, Bill » et « Rutt/Etra scan processor ». 

RE video synthesizer systems : models RE4-A and RE4-B . — New York : Rutt Electrophysics, [1974]. — 21 p. — Guide d'utilisation. — Inclus dans le dossier intitulé « Rutt/Etra scan processor ». 

Vasulka, Woody ; Vasulka, Steina. — Eigenwelt der Apparatewelt : Pioniere der Elektronischen Kunst = Pioneers of electronic art. — Direction artistique par Peter Weibel, sous la direction de David Dunn. — Santa Fe : The Vasulkas ; Linz : Ars Electronica Center, 1992. — 240 p. Également disponible sur Internet : http://www.vasulka.org/Kitchen/PDF_Eigenwelt/Eigenwelt.htm [réf. 23 septembre 2003]. 

Vincent Bonin © 2004 FDL