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Quartier Éphémère

(Montréal, Québec, Canada)

La fonderie Darling
In Situ, Projections sur Silo à grains no 5, 1997 Silo à grains no 5
Officiellement formé en 1993, Quartier Éphémère (QÉ) (1) est un organisme qui s'intéresse aux arts éphémères. Établi à Montréal, au Canada, cet organisme se consacre à soutenir le travail des artistes de la relève tout en sensibilisant le public aux édifices abandonnés dans les secteurs industriels délaissés de Montréal. Le groupe est issu d'une association avec l'organisme français Usines Éphémères, un organisme géré par des artistes dont le mandat consiste à occuper temporairement des édifices vacants et à offrir les espaces nouvellement rénovés à des fins artistiques. En sept ans, QÉ a occupé trois bâtiments désertés.

À l'origine une initiative de quatre jeunes défenseurs des arts provenant du Québec et de la France, QÉ est maintenant dirigé par Caroline Andrieux, une des fondatrices. Elle est appuyée par un prestigieux conseil d'administration composé de David Liss (directeur du Centre des arts Saidye Bronfman, à Montréal), Manon Blanchette (directrice des communications au Musée d'art contemporain de Montréal), Yves Sheriff (directeur adjoint à l'Usine C, à Montréal), et Christophe Pasquet (directeur des Usines Éphémères, en France).

À ce jour, QÉ a connu un grand succès en récupérant des édifices abandonnés du Faubourg des Récollets, près du Vieux-Montréal, en vue de les utiliser pour des projets artistiques. En 1994, à la suite de l'appropriation d'un vieil entrepôt situé au 16 rue Prince, dans le secteur du Faubourg, QÉ organise États des Lieux, sa première exposition d'envergure. L'exposition réunit sept jeunes artistes de la région qui avaient auparavant travaillé en résidence à QÉ (2). En 1995 et 1996, QÉ continue de monter des expositions régulières dans l'entrepôt et remporte un succès critique pour son programme d'échange avec la France ainsi que pour son utilisation novatrice du bâtiment délaissé.

En 1997, Quartier Éphémère organise Panique au Faubourg, une remarquable série d'installations in situ disséminées dans le secteur du Faubourg des Récollets. Cette initiative se taille un franc succès et retient l'attention de nombreux critiques lesquels, tant au plan local que national, livrent des commentaires perspicaces dans des journaux montréalais et des revues d'art comme Canadian Art et ETC. (3)

En tirant profit de plusieurs vieux édifices et vieilles structures, le projet manifeste et appuie admirablement la mission de QÉ, soit d'offrir aux artistes l'occasion de transformer des espaces oubliés. Ainsi, Geneviève L'Heureux, Annie Lebel et Stéphane Pratte, du groupe In Situ, projetaient des images éthérées sur la façade du silo à grains no 5 qui en illuminaient la structure en décomposition. Ailleurs, l'artiste français Claude Lévêque investissait ingénieusement une fonderie de paysages sonores aux motifs de la voix de Frank Sinatra. Suspendue au plafond, une boule en miroirs y accentuait jusqu'à l'angoisse le vide du lieu en projetant des ombres et en imposant des jets de lumière dans les coins sombres qui, à un moment révolu de l'histoire du bâtiment, auraient débordé d'activités. Le milieu architectural et les organismes de préservation du patrimoine ont réagi à la force de ces transformations. Phyllis Lambert, à l'époque directeur du Centre Canadien d'Architecture, remarquait : « les installations augmentent notre capacité de voir et d'apprécier ces espaces extraordinaires, en transformant des rues mortes en un quartier animé ». (4)

En 1997 et 1998, Quartier Éphémère profite de l'enthousiasme suscité par cet événement, en offrant des résidences aux artistes et en présentant plusieurs expositions, notamment Les Présents Relatifs, et La Relève, à Paris, dans l'Hôpital Éphémère. Toutefois, en 1998, le groupe traverse une période difficile lorsque l'édifice abandonné qu'il occupait depuis près de cinq ans brûle. Afin d'héberger ses activités, QÉ jette son dévolu sur un autre espace vacant, l'imposante fonderie Darling, à proximité du Vieux-Montréal. Mais en attendant de pouvoir réunir les fonds nécessaires à la rénovation de la fonderie, Caroline Andrieux et son équipe s'installent dans un local sur la rue Peel et se consacrent à l'organisation de plusieurs interventions publiques et à la présentation d'œuvres in situ.

En juin 1999, Quartier Éphémère, avec ses partenaires français Usines Éphémères à Saint-Ouen en France, participe à un échange artistique dans le cadre du Printemps du Québec en France. En octobre, QÉ coproduit une installation sonore de l'artiste écossais Marcus MacDonald, présentée dans le tunnel condamné Wellington, à Montréal. En outre, durant les mois d'octobre et de novembre, le groupe accueille une production théâtrale de la célèbre pièce Fin de Partie, de Samuel Beckett, à la fonderie Darling. En mai 2000, l'organisme collabore avec des artistes de réputation internationale à une série de projections vidéo au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Denis, à Montréal. L'artiste canadien Mark Lewis et le duo Solomonkha-Gallard présentent des œuvres lors de cet événement intitulé Du cinéma et des restes humains.

Officiellement déménagé à la fonderie Darling, Quartier Éphémère est maintenant prêt à recevoir des expositions dans son nouvel espace conçu par la firme montréalaise In Situ. La première exposition, Palaindrome, présentait des installations conçues par les artistes Donna Akrey et Yvette Poorter (5). Quartier Éphémère entreprend aussi une collaboration avec le collectif d'artistes montréalais [The User] afin de transformer le même silo à grains utilisé dans Panique au Faubourg en un gigantesque instrument sonore, le Silophone.

Angela Plohman © 2000 FDL

(1) Quartier Éphémère : http://www.quartierephemere.org/

(2) Participaient à l'exposition Mathieu Beauséjour, Brigitte Nahon, Gigi Perron, Michael Robinson, Olivier Sorrentino, Robert Windrum et M.R. Thibault Boyer.

(3) Donald Goodes, « In Situ » Canadian Art vol. 14, no 3 (automne 1997) : 100; et Isabelle Velleman, « Panique au Faubourg : La ville au service de l'art » ETC Montréal no 40 (décembre 1997, janvier, février 1998) : 31-33.

(4) Phyllis Lambert citée dans Donald Goodes, « In Situ », 100.

(5) L'exposition Palaindrome s'est tenue du 8 juillet au 20 août 2000.