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FCMM

Festival international du nouveau cinéma et des nouveaux médias de Montréal

(Montréal, Québec, Canada)

Montréal est, en Amérique du Nord, l'une des villes de choix pour quiconque s'intéresse au cinéma mondial. Un ami de longue date du FCMM, Wim Wenders, ne dédiait-il pas son film Tokyo-Ga (1985) au public de Montréal? Le festival a sans conteste contribué grandement à cette réputation de la ville de Montréal.

Fondé en 1971 sous le nom de Festival international du cinéma en 16mm de Montréal, sa première équipe de direction compte Dimitri Eipides, qui demeurera avec le festival jusqu'en 1994, et Claude Chamberlan qui est toujours à sa tête. La première édition comporte des sections telles que « Cinéma politique et social », « Cinéma visuel et structural » ainsi que « Le court métrage européen ». Ces intitulés montrent la volonté du festival, dès sa création, de présenter un cinéma voué aux luttes sociales et un cinéma d'explorations esthétiques, comme en fait foi l'utilisation du terme « structural », emprunté au critique américain P. Adam Sitney (1) qui désignait ainsi les films des avant-gardistes américains de l'époque. Mais de façon générale, ce festival veut se consacrer à un cinéma indépendant et non commercial.

En 1972, dans la préface du catalogue, Dimitri Eipides note que l'un des objectifs est de « présenter [...] un aperçu des sujets qui intéressent les jeunes cinéastes d'aujourd'hui » (2). C'est donc dire que ce festival est le reflet des développements technologiques liés aux images en mouvement, le reflet de l'évolution esthétique et de la pratique d'un cinéma d'exploration, d'un cinéma d'auteur contestataire sur les plans politique, social ou esthétique. Le festival, première mouture, démontre un engagement important envers le cinéma expérimental ou d'avant-garde, avec des rétrospectives de Peter Kubelka (1976) et de Bruce Baillie (1979), pour ne nommer qu'eux.

En 1980, lors de sa 9e édition, le festival devient le Festival international du nouveau cinéma de Montréal. Avec ce changement de nom, qui délaisse la mention spécifique d'un format filmique, le festival s'ouvre alors sur toute pratique faisant évoluer les formes et les langages cinématographiques. Pour son 10e anniversaire en 1981, le festival présentera pour la première fois des œuvres vidéographiques avec une section, Présence vidéo, présentant les travaux de la Coop vidéo de Montréal, du duo Dion/Poloni, du Groupe d'intervention vidéo, de Vidéo-Femmes et du Vidéographe. L'objectif est de souligner la place grandissante du médium vidéographique dans les arts visuels et dans les communications. C'est le début d'un débat entre les défenseurs du cinéma et les fervents de la vidéo qui, elle, en est déjà à près de quinze ans d'existence dans le monde de l'art. C'est aussi une époque de vigueur pour ce festival qui voit défiler des cinéastes tels que Marguerite Duras, Wim Wenders ou un Jim Jarmusch débutant.

L'automne 1984 demeure mémorable, ponctué par un tournant dans la balance des technologies associées au cinéma. Nouveau changement de nom pour la manifestation qui devient Festival international du nouveau cinéma et de la vidéo de Montréal. La section vidéographique - présente depuis au moins trois ans - prend plus d'ampleur avec une section canadienne et internationale. Le contexte se prête bien à ce changement nominatif du festival, puisque l'année 1984 sera aussi l'année de la vidéo à Montréal avec le grand événement Vidéo 84. Cette même année, le festival accueille des artistes de la trempe de Bill Viola ou Joan Jonas. On discute beaucoup de la « convergence vidéo/film » comme s'intitulait un autre événement du même automne 1984, plus proche celui-là des industries du cinéma et de la télévision. La section vidéo du festival marque l'arrivée d'autres personnes à l'organisation du festival, notamment Marc Paradis et Luc Bourdon à la programmation de la vidéo canadienne en 1983 et 1984, de même que Jean Gagnon en 1985; Thrassyvoulos Giatsos à la vidéo internationale de 1984 jusqu'en 1993; et Luc Bourdon à la coordination de la vidéo en 1983 et 1984, puis à la programmation vidéo et des courts métrages de 1997 à 1999. C'est aussi au cours des années 80 qu'émergent de jeunes vidéastes, des François Girard et Bernar Hébert pas encore cinéastes, ou que le festival présente les travaux vidéographiques de la Coop vidéo de Montréal et d'un Robert Morin, dont l'œuvre vidéographique est déjà imposante.

La décennie des années 1990 n'est pas en reste et, encore une fois, le festival changera de nom en devenant un temps le Nouveau festival international, cinéma, vidéo et nouvelles technologies de Montréal (1995) pour enfin adopter sa dernière mouture, soit le Festival international du nouveau cinéma et des nouveaux médias de Montréal en 1997. Ces changements d'appellation suivent encore une fois les évolutions récentes dans les technologies de l'image numérique et en marquent ainsi l'importance, le festival demeurant toujours fidèle à sa mission de refléter les développements de nouveaux langages cinématographiques sous toutes leurs formes. Durant cette période se succèdent aussi des programmeurs invités tels que Bernard Boulad, Nicole Gingras, Ségolène Roederer et Marie-Michèle Cron.

En 1995, le festival fait place aux nouvelles technologies avec des présentations spéciales : Imagina, une sélection d'œuvres tirées de la manifestation française du Forum international des nouvelles images qu'organisent depuis 1982 l'Institut national de l'audiovisuel et le Festival international de télévision de Monte-Carlo en tant que carrefour des images de synthèse; Softimage, qui investit une salle du Monument national à Montréal avec des projections et des démonstrations des plus récentes technologies en animation 3D et présente sa technologie de théâtre virtuel. Le festival inaugure cette année-là l'une de ses plus récentes composantes, le Média Café rebaptisé depuis le Media Lounge, où le public peut consulter cédéroms et sites Web, dont plusieurs titres cédéroms édités par Voyager Press ou les numéros 1 et 2 de la série Artintact développé par le Zentrum für Kunst and Medien Technologie (ZKM) en Allemagne.

En 1997, Daniel Langlois devient le Président du festival et sa fondation, un partenaire important du festival. Les nouveaux médias prennent, après des débuts relativement modestes, une place plus importante sous la gouverne du programmeur des nouveaux médias, Alain Mongeau, avec des programmes de performances, du cinéma numérique, des installations interactives, de même que des cédéroms et des sites Web. En 1999, le Festival s'installe dans le tout nouveau Complexe Ex-Centris à Montréal où il s'est tenu, ainsi que dans d'autres lieux de la ville, du 12 au 22 octobre 2000.

Jean Gagnon © 2000 FDL

(1) P. Adam Sitney, Visionary film: the American avant-garde, 1943-1978 (New York: Oxford University Press, 1979) c1974.

(2) Catalogue du Festival international du film en 16mm de Montréal, 1972, s.p.