Marc Fournel
SKIN-PÔ
Le projet SKIN-PÔ vise la démocratisation du geste créatif et l'appropriation par les citoyens de leur espace public avec la mise en place d’œuvres technologiques nomades permettant une création spontanée. L’artiste propose un environnement interactif s’intégrant à un espace public, tel un square urbain. Les passants pourront y interagir sur les éléments sonores et visuels par le biais d’interfaces physiques sans fil qui contrôleront la diffusion de projections vidéo diffusées sur un ou plusieurs immeubles bordant le square ainsi que la création et la distribution de sons dans l’espace urbain. SKIN-PÔ interroge donc les structures urbaines en les contestant et en les reconstruisant sur la base de leur morcellement. L’objectif est de rendre explicite et de confronter la réalité construite que nos espaces urbains nous imposent, les conventions qui les régissent et leur acceptation soumise par ses principaux acteurs, les passants.
Avec SKIN-PÔ, Fournel interpelle les passants et cherche à favoriser en eux une translation du regard et de l'écoute qui les déstabilisera et, par conséquent, remettra en question leurs certitudes. Le projet vise à créer une distance – critique et ludique - par rapport à notre condition d’acteur urbain. De ce décalage entre réalité et fiction naîtra du vide, une certaine « vacance » essentielle selon l’artiste pour susciter un questionnement sur notre rapport à l’espace public. Ce vide l’intéresse, car il s’apparente à une respiration qui nous permet de décompresser, de souffler, de nous reconnecter à notre imaginaire.
Le projet suppose la mise en place et l'utilisation d'un système de positionnement spatial possédant une très grande précision et un temps de lecture très rapide ainsi que la création de plusieurs logiciels et modules de contrôles sonores et visuels. SKIN-PÔ adhère à la philosophie du code source ouvert (open source) et fera bénéficier cette communauté de tous les modules, outils et autres logiciels développés pour ses besoins.
SKIN-PÔ est la deuxième phase du projet Transduction, un corpus de recherche et de production amorcé en 2003, qui tente d’explorer et de confronter les différents modes d’appropriation de notre espace architectural et leur intégration dans la construction « d’écosystèmes artistiquement sensibles ». SKIN-PÔ découle directement de l'installation Tontauben, la première phase du projet Transduction.
Jacques Perron © 2006 FDL