Équiterre

Design intégré et conception d’un bâtiment écologique

(Montréal, Québec, Canada)

Le projet de conception de l’édifice qui sera le siège social d’Équiterre et qui abritera d’autres organisations similaires vise à soutenir l’utilisation d’un ensemble de techniques innovatrices et ainsi optimiser le processus de conception d’un objet architectural pour en faire un puissant outil d’éducation et de développement environnemental. En fournissant un exemple rigoureux, documenté, transparent et largement diffusé de design intégré, ce projet de construction d’un édifice démonstratif vise à inciter et à faciliter le développement d’une architecture écologique de qualité au Québec.

Sur le plan méthodologique, le design intégré consiste à mettre en relation et à faire intervenir de façon simultanée, dès la phase préliminaire et jusqu’à la fin du processus de design, les concepteurs architecturaux (artistes), les concepteurs techniques (architectes et ingénieurs) et les concepteurs satellites (occupants, simulateurs, paysagistes et autres technologues). Les méthodes traditionnelles qui font intervenir ces intervenants de façon séquentielle les forcent à adapter leurs solutions aux décisions prises en vase clos par leurs prédécesseurs. Le design intégré permet donc de prendre en compte un maximum de variables dès les phases initiales du design et au fur et à mesure de la conception. Cette façon de faire couramment utilisée dans d’autres domaines – le design automobile, la conception de logiciels, l'industrie aérospatiale – est maintenant reconnue comme une condition incontournable de la conception d’un bâtiment écologique mais n’est presque pas utilisée dans la conception de bâtiments au Canada. Parmi les raisons qui expliquent la lenteur de l’appropriation de cette technique par les professionnels canadiens ou québécois, on souligne notamment le surcoût initial qu’elle représente, son hypothétique rentabilité financière, le relatif conservatisme de notre milieu de la construction ainsi qu’une irréconciliable séparation entre l’entité qui prend en charge les coûts initiaux (promoteur) et celle qui prend en charge les frais d’entretien (propriétaire) d’un bâtiment. Un projet comme celui d’Équiterre pourra faire la démonstration de la pertinence de cette approche novatrice grâce au travail des scientifiques qui le suivront, au suivi qu’en feront les médias et à la documentation systématique qui l’accompagnera.

Sur le plan technologique, l’équipe d’Équiterre sera la première à faire usage du Laboratoire de collaboration assistée par ordinateur en conception de l’École de technologie supérieure (ÉTS) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Afin d’optimiser l’apport de l’équipe de design et de contribuer à l’avancement des connaissances concernant ces outils numériques d’aide au design, l’équipe de concepteurs du projet étrennera le laboratoire de l’ÉTS. L’appui de la fondation permettra de diminuer les risques liés à l’utilisation inaugurale du laboratoire et permettra à l’équipe de design du projet d’aller beaucoup plus loin dans son utilisation. La contribution de la fondation couvrira les activités de formation spécifique pour les professionnels d’Équiterre ainsi que les activités d’accompagnement par des experts dans les technologies (logiciels) qui seront utilisées. L’importance de cette approche réside dans le fait qu’une séance de design intégré, par définition, coûte très cher. Il est donc primordial de réduire au maximum les risques liés à l’aspect innovateur de l’usage du laboratoire et de la méthode du design intégré. Le projet cherchera à opérer un mariage le plus heureux possible entre un processus expérimental à la fine pointe de la technologie et les nécessités pratiques liées au design d’un bâtiment réel par des professionnels aux honoraires dispendieux.

Afin de diffuser l’information sur ces outils à la fois innovateurs et prometteurs ainsi que pour générer un intérêt à leur égard, ce projet soutiendra aussi la production d’une installation éducative destinée au futur centre d’interprétation du bâtiment écologique d’Équiterre. Confiant dans le potentiel de ces innovations méthodologiques et technologiques pour l’industrie de la construction, Équiterre souhaite les présenter au public dans son centre d’interprétation sur le bâtiment écologique qui sera aménagé dans le nouvel édifice. Ce Centre d’interprétation contiendra des installations éducatives interactives, une « matériau-thèque », un centre de documentation, une salle de projection et un circuit d’auto-visite de l’intérieur et de l’extérieur du bâtiment. Il s’agira de présenter l’historique de la prise de certaines décisions architecturales et environnementales par le biais de petites vidéos. Les images, documentées froidement par le système d’archivage audio-visuel du laboratoire mais aussi par la lecture sensible du cinéaste Hugo Latulipe, retraceront le chemin parcouru par une idée depuis la première fois où elle est exprimée dans une réunion de design jusqu’à sa réalisation dans le bâtiment en passant par toutes les critiques et analyses qui la valideront. Ainsi sera présentée, de façon concise mais efficace, l’importance de l’approche multidisciplinaire dans un processus de prises de décisions qui semble de prime abord ne faire référence qu’à une seule discipline.