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Kathryn Farley, Generative Systems

Idéologie constitutive

Aucune action unique, événement ou décision ne déclencha l’émergence soudaine de « Generative Systems ». Le programme a plutôt évolué de manière organique et spontanée sur une période de dix ans. La création du premier cours (« Process I »), qui présentait aux étudiants les rouages internes des outils de communications, découle des convictions de Sheridan au sujet d’une responsabilité des artistes vis-à-vis de la société. Son éducation et sa formation ont fait une large place à la participation politique et à l’expression créatrice dans la lutte aux injustices sociales et aux inégalités économiques. (1) L’engagement continu de Sheridan envers la participation civique et ses expériences comme enseignante dans des écoles publiques ont renforcé chez elle l’idée que la production créatrice est inextricablement liée à l’activisme : les artistes ont la responsabilité de rétablir les déséquilibres politiques et de tenir compte des contextes scientifique et technologique de leur temps. En évoquant l’impact du mouvement d’opposition à la guerre du Vietnam et de l’exploration de l’espace sur l’élaboration de « Generative Systems », par exemple, Sheridan a écrit : « Il dérive de ma quête personnelle d’un processus artistique adapté au contexte technologique et sociétal de cette époque. Il me semblait que la prise de conscience de la génétique, du temps et du mouvement devait être aussi cruciale en art qu’elle l’était en science. (2) »

Compte tenu de ses convictions concernant l’engagement artistique et l’importance de la recherche scientifique/technologique, le terme « Generative Systems » que Sheridan a choisi pour désigner le programme encore en gestation (1970-73) était particulièrement éloquent. L’expression, proposée par Ian Roberston, directeur de Good Lion Press, reconnaissait une approche générative à la production artistique et un mode de recherche lié étroitement aux découvertes en sciences. Appliquant les principes de la biologie, de la physique et de la chimie à l’étude de procédés mécaniques, les cours de Sheridan offraient des méthodes et des outils nouveaux pour la production artistique, comme elle l’avance dans cet extrait d’entrevue (a).

En plus de réunir différents cours sous une même dénomination, le nom soulignait la nature expérimentale des activités en classe. « Generative Systems » évoquait aussi les caractéristiques multidisciplinaires du programme et la myriade de ses objectifs opérationnels. Par ailleurs, le nom mettait en relief les diverses fonctions du programme, sa capacité à servir de « centre de recherche ; de ressource et de réserve d’énergie ; un centre d’autogénération où les outils de communication allaient et venaient pendant que les gens demeuraient en place. (3) » Un rapport stratégique préparé par Sheridan en 1973 révèle l’étendue et la gamme des premières activités du programme (c).

En quête d’un moyen pour appuyer l’implication des étudiants dans les manifestations contre la guerre, Sheridan a amorcé un travail avec de nouveaux instruments de communication conçus essentiellement pour des applications commerciales. L’expérimentation de divers systèmes d’imagerie l’a amenée à découvrir différents appareils qui permettaient aux étudiants de produire rapidement des banderoles pour les manifestations et de distribuer des tracts. En fin de compte, l’expérimentation d’outils médiatiques émergents dans le milieu scolaire a incité Sheridan à considérer qu’il était « fondamental d’adopter une démarche pédagogique en art qui mettrait les outils modernes de communication à leur place, à savoir comme un complément de l’esprit humain et des sens (4). » « Generative Systems » était une solution de rechange progressiste aux programmes d’études classiques en art, un sujet qu’aborde Sheridan dans cet extrait d’entrevue (b).

Dès le début, les étudiants inscrits à « Generative Systems » étaient issus de diverses origines, langues et traditions de création. Ensemble, ils ont donné une dimension multiculturelle aux échanges en classe et apporté une variété d’approches à la production d’art dans un contexte mondialisé.

Kathryn Farley © 2007 FDL

(1) L’historienne de l’art Diane Kirkpatrick a écrit abondamment sur les origines, la carrière d’enseignante et l’œuvre artistique de Sonia Sheridan. Un article récent, « Sonia Landy Sheridan and the Evolution of her Generative Systems Program », a paru dans Visual Resources: an International Journal of Documentation, vol. XXII, no. 4, Décembre 2006, p. 343-361. L’article donne un aperçu de l’influence de l’éducation familiale de Sheridan sur son approche à l’enseignement et sa philosophie en matière de formation en art.

(2) Landy Sheridan, Sonia, « Generative Systems at the School of the Art Institute of Chicago, 1970-1980 », Ibid, p. 315.

(3) Landy Sheridan, Sonia, « Mind/Senses/Hand: The Generative Systems Program at the Art Institute of Chicago 1970-1980 », Leonardo: Journal of the International Society for the Arts, Sciences and Technology, vol. 23, no. 2/3 (décembre 1990), p. 175.

(4) Ibid., p. 317.