Aux yeux de Sheridan, « Generative Systems » était un « centre autogénérateur » où expérimenter en situation réelle des idées sur les technologies de communication et leur application dans un contexte de production artistique.
(1) En conformité avec ses objectifs concernant l’orientation de la recherche du programme, Sheridan a conçu un milieu pédagogique qui s’apparentait à un laboratoire scientifique. Les cours étaient présentés sous forme d’ateliers lors desquels des conférenciers (scientifiques, ingénieurs et dirigeants d’industrie) discutaient de leurs méthodes de travail et des résultats de leurs recherches tout en réagissant directement aux observations des étudiants. Dans cet extrait d’une vidéo, filmée pendant un cours de « Generative Systems » en 1980, Harold Edgerton, un professeur de génie électrique au MIT, présente des techniques de stroboscopie avec flash électronique telles qu’elles s’appliquent à des innovations en photographie
(a). En plus de parler de leur propre travail, les conférenciers soulevaient des questions sur les liens entre les études en art et en technologie. Par exemple, ils discutaient de nouvelles avenues en recherche scientifique engendrées par des pratiques créatrices, comme l’expose ici le physicien et ingénieur opticien, Rudy Guzik
(b).
Pour renforcer l’idée selon laquelle les cours de « Generative Systems » étaient un centre de science expérimentale, Sheridan portait une blouse blanche pendant les ateliers et lors de l’utilisation d’équipement en cours. La blouse servait à la protéger de l’exposition à des produits chimiques dangereux, mais marquait aussi de façon concrète les rapports entre art et science que le programme cherchait à souligner. Dans cet extrait d’une entrevue récente, Sheridan parle de son penchant à porter la blouse et de son impact sur le mode de fonctionnement des classes
(c).
S’inspirant de la répartition de la technologie dans un laboratoire, Sheridan avait choisi de placer l’équipement le long du périmètre extérieur de la salle de cours, ce qui laissait amplement d’espace pour construire des postes de travail au centre et en périphérie. Comme elle le rappelle dans cette entrevue, les décisions prises en matière de configuration et de disposition d’équipement se fondaient sur un concept décloisonné de l’apprentissage
(d). Avec l’expansion du contenu et de la portée du programme, la nécessité d’un espace de travail plus vaste et plus flexible s’est imposée. En 1973, Sheridan a présenté aux administrateurs un plan détaillé en vue de l’expansion du local qui indiquait des zones séparées pour des activités distinctes en classe
(e). Bien que le plan n’ait pas été réalisé, il montre l’ambition qu’avait Sheridan de configurer l’espace de cours en fonction des intérêts et des besoins de ses étudiants.
Le contexte de laboratoire de « Generative Systems » permettait aux étudiants de mener de la recherche indépendante sur des sujets de leur choix. Les participants aux cours étaient encouragés à explorer leurs propres intérêts et ambitions en création, ce qui donnait parfois lieu à une ambiance frénétique en classe. Comme l’explique Sheridan, « (...) un étudiant pouvait construire un ordinateur, un autre s’adonner à la photographie tridimensionnelle, un troisième vaquer à la transmission du son, un quatrième manipuler du papier thermosensible, etc. »
(2)
Compte tenu de la nature indépendante des exercices et des travaux en classe, les participants à « Generative Systems » étaient prêts à assumer des responsabilités dans les processus d’enseignement et d’apprentissage.
(3) Ainsi, chaque étudiant était responsable d’une tâche précise pour la présentation d’un atelier. Les activités de préparation comprenaient l’installation de l’équipement, la rédaction d’une présentation d’un conférencier invité et la documentation de l’activité – comme en fait foi cet enregistrement sonore datant de 1978
(f). Il est clair que les étudiants affichaient beaucoup d’enthousiasme à exécuter les tâches associées à la formation en classe.