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Caitlin Jones

Tendances actuelles de l’art (de la documentation)

Notre modèle/Nos choix

Il n’a jamais été dans notre intention de proposer un nouveau « modèle » ou paradigme pour la documentation des arts médiatiques. Comme il existe déjà un grand nombre de modèles clairs et très élaborés dans ce domaine, nous nous sentions suffisamment bien outillés en termes d’exemples et de systèmes de pensée desquels nous inspirer. Après un bref survol de ces modèles, il nous est apparu évident que tout processus de documentation comporte trois grandes phases : collection et création; organisation; description et accès.

Collection et création

Les entretiens avec les artistes forment l’épine dorsale de nos études de cas; le « Questionnaire des médias variables » nous a fourni un cadre de travail hors pair pour mener ces entretiens et rassembler des informations concernant les aspects conceptuels, techniques et expérientiels d’une œuvre. En plus des entretiens, nous avons rassemblé et créé des documents portant spécifiquement sur les installations de David Rokeby et Rafael Lozano-Hemmer au Musée des beaux-arts de Montréal. Nous nous sommes inspirés du répertoire de DOCAM pour identifier les documents de base essentiels, ainsi que d’exemples extraits du projet « Inside Installations » de l’INCCA, et bien sûr, de notre propre expérience dans ce domaine.

Notre collaboration fortuite avec le chercheur résident Lizzie Muller a aussi grandement facilité le processus d’entretiens. Ses travaux portant sur l’expérience vécue par les spectateurs et sur certaines questions reliées à la nature expérientielle d’une œuvre ont influencé notre façon de mener les entretiens et ont permis d’éclaircir un certain nombre de questions, de sorte que notre stratégie d’entretien s’en est trouvée améliorée. Nous avons également eu recours à sa collection de vidéos d’entretiens pour notre étude de cas sur David Rokeby.

Pour la première fois, nous avons aussi tenté d’incorporer des photographies et des vidéos « amateur » récoltées sur des sites de partage de fichiers tels que Flickr et YouTube. De nos jours, de nombreux photographes photographient les œuvres d’art, que ce soit ouvertement ou subrepticement, et ils les diffusent ensuite en ligne, permettant aux usagers d’accéder à un éventail d’images sans précédent. C’est d’ailleurs pour cela que l’équipe de DOCAM insiste sur la nécessité d’identifier adéquatement la source des images diffusées. Une photo prise par un visiteur de musée et diffusée ensuite sur Flickr n’aura pas la même fonction qu’une photo prise par un conservateur, et il importe que cela soit mentionné quelque part. La nécessité de protéger ainsi les documents nous est apparue de plus en plus importante au fur et à mesure de notre travail. Ainsi, nous avons nous-mêmes créé la majeure partie des documents concernant The Giver of Names de David Rokeby (voir Muller et Jones, « The Giver of Names : collection documentaire »), et il importe de les considérer dans cette perspective.

Organisation

Une fois que les documents sont rassemblés, il est nécessaire de les organiser de manière logique ou de les intégrer dans une structure de données. Mais comme on l’a vu lors de notre survol du début, cela peut se faire de diverses manières.

Au Canada, l’organisation des archives se fait traditionnellement selon le principe de respect des fonds, ce qui signifie que l’ordre originel dans lequel les documents ont été conservés est ce qui garantit l’intégrité d’une série de documents. Cependant, dans le cas de documents entièrement construits comme les nôtres, ces règles ne s’appliquent pas aussi rigoureusement. Il s’agissait donc d’organiser nos matériaux d’une manière identique à celle proposée par le CMCM de V2_ et le MANS de Richard Rinehart. Comme on l’a vu, ces systèmes permettent de décrire une œuvre comme telle, mais également de décrire de façon plus détaillée chacune des itérations ou occurrences dont elle a fait l’objet. Cette approche multi-niveaux s’est avérée particulièrement adéquate et pertinente dans le cas de The Giver of Names de David Rokeby, qui a fait l’objet de nombreuses expositions.

Cette approche faisait également ressortir la tension qui existe entre la notion d’œuvre « idéale » (en tant qu’idée composite et théorique construite à partir de déclarations d’artistes, de schémas techniques et de l’accumulation de nombreuses itérations) et les expériences individuelles « réelles » vécues par les spectateurs, tel que nous l’avons exploré par le biais de notre collaboration avec Lizzie Muller.

Bien qu’au départ nous ayons choisi d’organiser nos matériaux dans une structure à plusieurs niveaux, lorsque le temps est venu de les organiser pour le site web de la fondation Daniel Langlois, nous les avons simplement répertoriés selon de vastes catégories telles que : entretiens, images prises en cours d’installation, détails techniques et appareils utilisés, contexte d’exposition, autres installations et entretiens avec des spectateurs. Lorsque des documents sont organisés de la sorte, il est facile d’y appliquer n’importe quelle structure. Nous n’avons pas voulu imposer une hiérarchie dans la présentation des informations, mais permettre plutôt, à l’aide d’onglets et de mots-clés, de combiner les informations de diverses manières, du général au spécifique, et vice versa. Il s’agit là d’une structure très flexible, qui pourrait facilement s’élargir dans l’avenir.

Description et accessibilité

Sans prétendre offrir une analyse approfondie du travail de documentation, nous espérons que cette brève description des divers éléments récoltés permet d’en saisir la nature et de comprendre quelle place ils occupent par rapport à l’ensemble. Cette description devrait également permettre de saisir le lien qui existe entre les documents concernant l’expérience vécue par les spectateurs et les documents portant sur les aspects conceptuels et techniques de l’œuvre. Nous espérons qu’à l’aide des onglets et des mots-clés, les usagers pourront établir des liens entre certains types de documents, qu’ils s’agisse de clips d’entretiens d’artistes, de diagrammes techniques, ou d’entretiens avec des spectateurs. Ces éléments seront extraits de divers modèles de catalogage qui existent dans ce domaine, particulièrement ceux de DOCAM et des projets « Médias variables » et « Forging the Future ».

En termes d’accessibilité, il va de soi que tous nos documents seront disponibles sur le site web de la fondation Daniel Langlois. Comme cet outil a déjà fait ses preuves pour ce qui est de rendre accessibles par voie numérique une quantité de matériaux et documents, nous nous en sommes inspirés également pour ce qui est de l’organisation des documents. Le Tate Museum et le projet « Inside Installations » de l’INCCA nous ont aussi fourni d’excellents exemples quant à la manière de présenter des documents afin de les rendre plus accessibles.

Caitlin Jones © 2008 FDL