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The Builders Association

(New York, N.Y., États-Unis)

The Builders Association, Master Builder, 1994
The Builders Association, Imperial Motel (Faust), 1996 The Builders Association et Diller+Scofidio, Jet Lag, 1998 The Builders Association et Diller+Scofidio, Jet Lag, 1998
Fondé par Marianne Weems en 1993, le collectif The Builders Association produit des performances multidisciplinaires où se conjuguent nouveaux médias et arts de la scène. Directrice de la troupe et metteur en scène, Weems s'entoure de nombreux collaborateurs pour mener à bien ses projets, dont l'architecte Don Cleater et le vidéaste Peter Norman. Depuis 1994, le collectif a présenté six productions alliant l'innovation formelle à la critique sociale.

La démarche de The Builders Association se situe au carrefour des arts visuels, de l'architecture et de la performance. Master Builder (1994), présenté dans un espace industriel désaffecté du quartier Chelsea à New York, explore diverses représentations de l'espace domestique. Les acteurs évoluent dans une maison modèle à trois étages avec des capteurs liés au protocole MIDI qui déclenchent des segments sonores et vidéos. Le projet se présente à la fois comme une performance et une installation, les spectateurs pouvant explorer l'intérieur de la maison, activer les capteurs et assister à la représentation théâtrale.

Dans Impérial Motel (Faust) (1996) et Jump Cut (Faust) (1997), Marianne Weems compile les nombreuses relectures que ce mythe a générées pour produire une prodigieuse synthèse d'éléments tirés de plusieurs époques. (1) Elle y explore, entre autres, le Faust de Murnau et construit une version moderne de l'histoire ayant pour cadre la chambre d'un motel. Fruit d'une collaboration entre les étudiants de la New York University's Experimental Theater Wing (New York, N.Y. États-Unis) et The Builders Association, The White Album (1995) joue sur la simultanéité de deux événements arbitrairement liés l'un à l'autre, présentant côte à côte la répétition d'un groupe rock et une séance de postsynchronisation dans un studio de télévision.

Créée conjointement avec les architectes Elisabeth Diller et Ricardo Scofidio, Jet Lag (1998) s'inspire de deux faits divers rapportés par les médias dans les années 60. Les récits font office de fables sur le voyage moderne et la perte des repères spatio-temporels. Un navigateur crée l'illusion qu'il tourne autour du monde alors qu'il se limite à tourner en rond dans l'Atlantique. Une grand-mère effectue 167 aller-retour consécutifs entre New York et Amsterdam accompagnée de son petit-fils. À l'instar du trouble sensoriel ressenti par le navigateur, trouble qui le fait peu à peu sombrer dans la folie, la grand-mère finit par succomber aux effets du décalage horaire. Les moyens technologiques employés sur scène (image de synthèse, vidéo en circuit fermé) secondent la performance des acteurs et aident à construire les environnements artificiels dans lesquels ils évoluent. Or, ces moyens sont convoqués au théâtre pour déjouer la fascination qu'ils exercent dans un contexte médiatique. Présenté en Europe et en Amérique du Nord, Jet Lag a été reconnu unanimement par la critique, autant pour les prouesses techniques mises de l'avant que pour les problématiques soulevées.

Dans Xtravaganza, créé au festival Pulse du Whitney Museum of American Art (New York, N.Y. États-Unis) en 2000, The Builders Association se nourrit de références au spectacle musical des années 1910-1930. En réactivant des formes de divertissement du début du siècle, Marianne Weems cherche à constituer une généalogie de ces événements à grand déploiement qui intégraient cinéma, théâtre et numéros dansés. Elle y relate le parcours de quatre figures marquantes dans l'industrie du spectacle : Stele MacKaye, Loie Fuller, Florenz Ziegfeld et le légendaire Busby Berkeley. Xtravaganza fait de nouveau interagir le direct avec le différé, car des extraits de films d'archives se conjuguent avec du matériel vidéo tourné sur scène. Peter Norman, concepteur vidéo et collaborateur de longue date, utilise le système NATO qui permet de diffuser simultanément des images en direct et le matériel d'archives stocké dans un disque dur d'ordinateur.

En 2001 et 2002, The Builders Association a collaboré avec le collectif londonien motiroti pour créer un projet multidisciplinaire revisitant les nombreuses versions (traditionnelles et modernes) de la légende d'Aladin.

Vincent Bonin © 2001 FDL

(1) « Jump Cut (Faust) », The Village Voice, (16 déc. 1997).