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NANIKI

Kalinago Barana (Sea) Stories & Conservation Project


Entretiens avec des historiens


Gérard Langlais, Dr Lennox Honychurch, Reny Auguiste. Gracieuseté du Karina Cultural Group © 2021. 

Dr Lennox Honychurch - 18 mars 2021

Interviewé par l'équipe du Karina Cultural Group, Gérard et Miranda Langlais, Marianna Sanford et Reny Auguiste (en personne et par enregistrement vidéo). Les notes ont été prises par Marianna Sanford.

Le Dr Honychurch est très apprécié en Dominique (et dans les Caraïbes) en tant qu'expert de l'histoire des Kalinagos, de la Dominique, et de la Mer des Caraïbes. Gérard Langlais et Reny Auguiste ont tous deux déjà travaillé avec lui sur divers projets, et sa contribution à la préservation de la culture Kalinago est appréciée par la communauté.

Principaux points abordés lors de l'entretien :

  • Le soulèvement de 1930 : lorsque le gouvernement a accusé les Kalinagos de faire de la contrebande avec Marie Galante, un navire de guerre anglais est venu mouiller en face du territoire Kalinago et a tiré des fusées de détresse pour effrayer les gens.

  • Construction de bateaux : la personne qui fabrique les pirogues mobilise la communauté, encourage la famille et les amis, offre de la nourriture : Kayanage ou Koudmen (entraide). La communauté se mobilise moins maintenant, c'est plutôt des proches qui participent.

  • Rituel : Avant de partir en forêt, il y a un rituel pour demander des faveurs aux esprits de la forêt. Pour calmer la mer : râper du pain de manioc, le répandre sur la mer. Le rituel — mâcher le manioc, le recracher et le répandre — existe encore aujourd'hui sous forme de geste, mais sans le manioc. (Noté par Gérard).

  • Navigation : pas de gréement sur les pirogues, mais des petites voiles en coton tissé. Des feuilles de palmier ou de zèl-mouche étaient aussi utilisées pour faire des voiles (suite à la colonisation). Les pirogues sont utilisées dans les rivières d'Amérique du Sud. Mais en haute mer, un bordage est ajouté. Pas besoin de voiles — des rameurs se relayaient aux avirons. Gouvernail de bateau : Govanage

  • Météo : avant de voyager, observation du temps et des marées, du comportement des animaux et des oiseaux. Prise en compte de la saison des ouragans (c'est encore le cas maintenant).

  • Ils voyageaient pour commercer, signer des traités et attaquer, trouver des ressources à Marie Galante et en Guadeloupe — ils allaient jusqu'à Trinidad. Échange d'outils Kalinagos contre des outils modernes, par exemple des couteaux. Au cours des années 1800 et 1900, il était plus facile d'aller à Marie Galante pour se faire baptiser et faire des achats — certains grands-parents ont fait faire leurs certificats de naissance à Marie Galante. Le traité du 31 mars 1660 entre Charles Houël, gouverneur de la Guadeloupe, et le chef Kalinago — selon lequel Saint Vincent et la Dominique appartiendraient aux Kalinagos — n'a jamais été honoré.

  • Artisanat : certaines plantes marines utilisées comme bijoux et décorations. La partie circulaire de la conque est utilisée comme hameçon (Kioue). Ceci est visible au musée de Roseau.

  • Mots Kalinago : le corps de la pirogue : tiamun; lorsque le bateau est retourné : tibilali; renversé dans l'océan : tibirame liem, couliala (pirogue entière). Une attache dans la pirogue où sont suspendus les paniers et les aliments : ticouloubi. Les îlots (où l'esprit vit) : mamelabou. Arbre gommier : sibui (source : dictionnaire Raymond Bretton).


Peter Hulme - 31 mars 2021

Interviewé par Oonya Kempadoo (via Zoom, pas d'enregistrement)

M. Hulme est professeur honoraire au département de littérature, de cinéma et d'études théâtrales à l'Université d'Essex, Royaume-Uni. Ses recherches en Dominique dans les années 80 et 90 étaient principalement basées sur des archives historiques, plutôt que sur des recherches sur le terrain.

Principaux points abordés lors de l'entretien :

  • Années 80 : Le Horniman Museum, au sud de Londres, lui a demandé de documenter la vannerie Caribe. Garnett Joseph était alors le chef. J'ai interviewé Mme Bruny, pris des photos (non numériques) et rassemblé une collection de paniers. Celle-ci a été exposée au musée. M. Hulme a les photos originales, le musée a des copies :
    https://www.horniman.ac.uk/object/1987.43/

  • Années 90 : Se souvient de son intérêt pour la « guerre des Caribes » de 1930 — « un incident en fait » — une descente de police pour contrebande d'alcool qui a conduit à une résistance et à un procès. Niel Whitehead, un anthropologue, a réuni trois anciens et a organisé une séance de discussion sur la « guerre des Caribes ». La discussion a été enregistrée par quelqu'un du Territoire Caribe, un projet documentaire (peut-être Mme Sylvany Burton). « ...Pour les Caribes, la contrebande n'est pas un concept. »

  • Les liaisons entre les communautés se faisaient par voie de mer — les routes intérieures étant plus difficiles.

  • Il recommande le C.T. Robinson Trust — pour la Dominique et le Guyana — comme source de financement pour le suivi des résultats de ce projet : « Créé par un passionné des Caribes et des Arawaks qui est mort jeune, il a établi une œuvre de bienfaisance posthume pour donner de l'argent aux Caribes en Dominique et à un village Arawak au Guyana près de la côte. »

  • M. Hulme a servi de conseiller pour la Dominique pour ce trust et mentionne que c'est Mme Polly Patullo qui occupe actuellement ce poste. M. Hulme a ensuite fourni deux copies PDF des publications de Douglas Taylor sur la symbolique des astres et l'imaginaire céleste des Caribes, ainsi que sur leurs contes et légendes.


L'utilisation par M. Hulme du terme péjoratif « Caribe » (caníbal en espagnol) au lieu de « Kalinago », a suscité des questions sur sa sensibilité et sa conscience culturelle. Il a expliqué que ce terme était encore utilisé « par la plupart des gens » (en Dominique, avec le changement de nom de « Carib Reserve » à « Carib Territory ») et « je m'intéresse plus à la façon dont la culture a été décrite qu'à la culture elle-même. Pourquoi ce groupe, les Caribes, a-t-il été si important pour la culture impériale occidentale ? Je m'intéresse à la représentation. »

Les recommandations et les informations de M. Hulme ont été appréciées pour ce projet, mais ses déclarations sur les définitions de la culture et de l'identité autochtone, et son utilisation récurrente du mot « Caribe », même après avoir été interrogé à ce sujet, ont été perçues comme une forme d'arrogance d'académicien blanc.

Oonya Kempadoo © 2021 FDL