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Le corps de la ligne

Les dessins d'Eisenstein

Eisenstein, Souvenir d'enfance, 1942
Eisenstein, Henrich Staden parlant au fantôme, 1942 Eisenstein, Motif pour Staden, 1942 Eisenstein, Pan, 1948
Du 10 avril au 16 mai 1999, la fondation Daniel Langlois pour l'art, la science et la technologie présentait en première nord-américaine une exposition de 100 dessins du cinéaste russe Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein sous le thème Le corps de la ligne : Les dessins d'Eisenstein. Cette exposition a également été présentée au Drawing Center de New York, du 22 janvier au 18 mars 2000.

Le catalogue CD-ROM qui accompagne l'exposition met en vedette tous les dessins exposés à Montréal, ainsi que les textes critiques écrits par le commissaire de l'exposition et directeur des programmes de la fondation, M. Jean Gagnon. Véritable source d'information, ce catalogue bilingue, français et anglais, contient, entre autres, une bibliographie faisant état des écrits parus sur Eisenstein ainsi que des écrits d'Eisenstein lui-même.

De très grande qualité, ce CD-ROM offre un regard unique sur 100 dessins du célèbre cinéaste Eisenstein, regroupés ici autour du thème de la représentation du corps, de manière à nous faire découvrir l'imaginaire débridé d'Eisenstein. Car si l'œuvre du cinéaste (1898-1948) est passée à l'histoire du 7e art dès 1925, avec Le Cuirassé Potemkine, sa production graphique, elle, est restée largement méconnue. Et pourtant quel imaginaire! Hommes, femmes et animaux se fondent dans un univers symbolique rempli d'humour et de grivoiserie. Véritables caricatures, les dessins de ce prolifique touche-à-tout s'inspirent notamment des grands thèmes shakespeariens ou bibliques pour mieux les déboulonner. Tel un fou du roi, il se moque de la reine Élisabeth 1re titillant un Lord Leicester bien équipé (dans la série La Leçon de diplomatie) et s'il se fait iconoclaste avec ses troublants Taureaux en croix, c'est pour plonger tête première dans la grande corrida de la vie et de la mort.

Le tracé même de la ligne est remarquable par sa fluidité et sa pureté. On y sent la pulsion de la vie. « Dessins et danse, bien évidemment, sont nourris du même sein, et ne sont que deux variantes de l'actualisation d'une même pulsion », confiait d'ailleurs Eisenstein dans ses mémoires. Ces dessins, que l'on pourrait comparer à de l'écriture automatique, ont servi de véritables exutoires à Eisenstein qui s'est livré avec frénésie à cette passion (près de 5000 dessins auraient été recensés). Reflets des grandes préoccupations du cinéaste, ces figures recherchent encore et toujours l'unité entre la nature sensuelle et intellectuelle de l'homme et nous renvoient au pouvoir magique des images.

Sélectionnés en majeure partie dans les Archives d'État russes de la littérature et de l'art, ces dessins s'échelonnent de 1914 à 1948, soit des cahiers de jeunesse aux derniers jours du cinéaste, en passant par l'exubérante période mexicaine. Cette sélection présente également des esquisses de costumes et de décors provenant d'une collection privée moscovite constituée par Lydia Naumova, membre de l'équipe de production d'Ivan le Terrible.

« Le CD-ROM (catalogue de l'exposition Le corps de la ligne. Les dessins d'Eisenstein ), académique sans trop l'être, utilise de manière intelligente ce nouveau médium en ne reproduisant pas simplement un texte illustré. Un professeur sera certes intéressé à utiliser ce CD-ROM en classe pour illustrer un cours ou pour permettre aux étudiants de l'utiliser et de l'explorer pour leurs propres recherches. Quant au CD-ROM lui-même, précisons qu'il est très facile de naviguer à l'intérieur de ses différentes composantes et qu'il contient la plupart sinon tous les 100 dessins qui faisaient partie de l'exposition. Chaque dessin, accompagné d'une description complète, est présenté sous un petit format (1 pouce) mais différentes fonctions permettent d'agrandir le dessin plein écran ou certaines parties du dessin seulement jusqu'à voir même la texture du papier. (1) »

Jean Gagnon © 1999 FDL

(1) Oksana Dykyj Bulgakova, Université Concordia, Montréal, 12 juillet 1999.