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Elizabeth Vander Zaag

(Vancouver, Colombie-Britannique, Canada)

Elizabeth Vander Zaag, Whispering Pines, 1993
Née en 1952, Elisabeth Vander Zaag travaille en vidéo et en arts informatiques depuis les années 1970. Détentrice d'un baccalauréat en anglais et en cinéma de la University of Western Ontario, elle a brièvement étudié l'électronique à des fins artistiques au Fanshawe College, à London en Ontario, et les arts informatiques à la Simon Fraser University, à Burnaby en Colombie-Britannique. Établie à Vancouver, Vander Zaag a participé à de nombreuses expositions internationales. Elle a fondé et coordonné le Western Front Multimedia de 1993 à 1999 et elle a donné des conférences et animé de nombreux ateliers au Canada et aux États-Unis depuis les années 1980.

Vander Zaag commence à travailler avec les ordinateurs et la vidéo dès le début de sa carrière. Peu après ses études à la University of Western Ontario, elle réalise une série de bandes vidéo intitulée Digit Series (1977-1980). Les bandes ont été régulièrement présentées à The Gina Show, une émission de télévision hebdomadaire produite par John Anderson pour le câble et s'adressant aux artistes de Vancouver. Cette émission présentait « une figure anthropomorphique, de style bande dessinée, qui vivait des aventures numériques, par opposition à analogiques » (1). La fascination qu'éprouve depuis longtemps Vander Zaag pour la technologie, les effets spéciaux et l'organisation numérique en couches découle de son expérience de la télévision câblée et se manifeste tout au long de sa carrière par son désir constant d'essayer de nouveaux appareils et outils. En 1983, elle réalise la bande Baby Eyes en utilisant le « aniputer », une machine fabriquée par l'artiste japonais Ko Nakajima, qui permet à l'utilisateur de dessiner par le truchement de l'électronique sur l'image vidéo.

« [Baby Eyes] fait appel à une bande sonore traitée et à des images retouchées par ordinateur de Vander Zaag et de sa petite fille pour montrer le lien entre la mère et le nouveau-né. (...) Plutôt que des résultats cliniques, les bandes très personnelles de Vander Zaag relatent une expérience tandis qu'images fragmentées et sons discontinus adhèrent ensemble seulement pour se dissoudre de nouveau en particules discrètes. » (2)

Avec son œuvre suivante Hot Chicks on TV (1986), l'artiste continue d'explorer la technologie et les récits intimes. Bien qu'elle conserve un certain sens de l'humour, l'usage délibéré d'effets spéciaux quelque peu dépassés semblent jouer en sa faveur, dans une perspective politique plus sérieuse, en amenant le contenu au premier plan et en soulignant l'aspect réflexif de la narration d'histoires - surtout dans le cas des femmes qui partagent leurs expériences par l'intermédiaire de bande vidéo. Hots Chicks on TV expose le « devenir femme » des jeunes filles transformées par la sexualité. Au plus fort de la production de documentaires vidéo féministes durant les années 1980 au Canada, Vander Zaag décide d'aborder le sujet d'une manière un peu plus abstraite et conceptuelle. Dans Hot Chicks on TV, des segments présentant deux jeunes adolescentes qui discutent de leur vie devant un écran bleu sont suivis d'un segment dans lequel elles traversent la sexualité et émergent de l'autre côté de l'expérience. Dans cette séquence :

« Les jeunes filles sont incrustées sur des dessins au trait animés par ordinateur - des dessins de formes vaginales qui palpitent (sans farce) dans un rose vif. Que Vander Zaag puisse libérer cette image de l'emprise du cliché témoigne de sa maîtrise de la vidéo. Elle y parvient en permettant au cliché de s'affirmer lui-même dans un premier temps. À l'instar d'une référence à une image « historique » (de même que l'on trouve des traces visuelles des images psychédéliques ou du op'art dans les œuvres d'art postmodernes) les vagins roses frémissants situent la sexualité dans un contexte social; l'image renvoie à l'époque où la sexualité féminine était (généralement) perçue comme un mystère, ineffable, une eau trouble, impénétrable au regard (masculin). » (3)

Cette façon d'utiliser le cliché reflète l'humour de Vander Zaag et sa singulière approche du sérieux en matière de féminisme. Dans son récent projet Talk Nice (2000), elle explore les interactions sociales entre adolescentes et leurs façons d'exprimer leur statut par le timbre de la voix. Talk Nice fait appel au logiciel de reconnaissance de la voix SAY (Speak and Yell), élaboré par Vander Zaag au Western Front Multimedia dans le milieu des années 1990.

Réalisée au Banff Centre for the Arts dans le cadre du Canadian Creative Innovation Initiative (CCII), l'installation invite les utilisateurs à interagir, en parlant, avec deux adolescentes sur un moniteur.

« Les filles aident l'utilisateur à prononcer avec une inflexion plus haute une phrase test "Je suis un Canadien, eh?". Grâce à l'interaction avec cette installation, on fait d'emblée l'expérience de la timidité et du manque de confiance présumés lorsqu'on emploie cette inflexion ascendante à la fin d'une phrase. La tendance qu'ont les jeunes femmes à se laisser piéger par ce code vocal populaire est l'une des nombreuses questions soulevées par cette œuvre. » (4)

Bien qu'elle traite de questions socio-politiques aux multiples conséquences en ce qui concerne le désir d'expression et d'approbation des femmes, Vander Zaag aborde le projet avec un humour qui appuie son propos tout en amenant les utilisateurs à prendre conscience de leurs comportements. Les utilisateurs sont acceptés ou rejetés s'ils se conforment, ou non, aux standards en vigueur chez les adolescentes dans des environnements virtuels qui rappellent les concours de popularité à l'école secondaire. Pendant que nous rions des réponses des filles à l'égard de notre (non)conformité, nous sommes sensibles, d'une certaine façon, aux conséquences profondes entourant l'approbation et le rejet. Vander Zaag veut rendre ce projet accessible dans Internet pour donner à l'utilisateur en ligne les moyens de naviguer avec sa voix et ses émotions.

Parmi d'autres projets récents, mentionnons le cédérom Whispering Pines (1993) et une création conjointe intitulée Cougar Date (2000), un projet d'art électronique qui fait ressortir les comportements stéréotypés de certaines femmes entre deux âges. Selon le site Web, on définit le couguar comme :

« Le plus gros des félidés d'Amérique du Nord, au sommet de la chaîne alimentaire avec le grizzly, ce chasseur carnivore solitaire est également appelé lion des montagnes, puma. Décrit aussi les femmes dans la quarantaine qui fument, boivent et vont dans les clubs pour ramasser des jeunes hommes dans la vingtaine. Ces femmes sont habituellement divorcées, ont quelquefois des petits et sont financièrement indépendantes. Les plus prospères ont fait un bon mariage et ont récolté de grosses pensions alimentaires. Celles qui ont moins bien réussi étaient des féministes qui se sont hissées au haut de l'échelle et ont fait leur propre argent. Elles ont des cartes de crédit et de gros comptes de banque, elles vivent souvent des fruits d'une seconde hypothèque et d'un prêt bancaire. Elles possèdent des voitures mais les utilisent peu, soucieuses qu'elles sont de l'environnement. » (5)

En collaboration avec l'artiste Elspeth Sage, Vander Zaag a créé un espace Web qui sert de club de rencontres, de discussion et de conversation artistique désabusée. « Le site offre également des conseils sur moult sujets, de la beauté aux finances, en passant par les bonnes façons d'attaquer, comment aborder la ménopause (6), et comment séduire gentiment sa proie sans l'effrayer. »( 7) Projet au ton ironique, Cougar Date reflète l'intérêt de Vander Zaag pour les perceptions sociales associées aux comportements féminins et adopte la même attitude franche qui se manifeste tout au long de sa carrière.

Angela Plohman © 2001 FDL

(1) Steele, Lisa. « Committed to Memory: Women's Video Art Production in Canada and Quebec », in Rhea Tregebov, Work in Progress: Building Feminist Culture, Toronto, The Women's Press, 1987, p. 45.

(2) Ibid. p. 45-46.

(3) Ibid. p. 47-48.

(4) « Talk Nice by Elizabeth Vander Zaag », The Banff Centre for Arts Canadian Creative Innovation Initiative.

(5) Vander Zaag, Elizabeth et Sage, Elspeth. Cougardate.com, (référence du 14 juin 2001) : http://www.cougardate.com

(6) Jeu de mot intraduisible « menopaws ». N.d.T.

(7) Talbot, Neal. « Cougars' hunt for prey in bars and on the Internet », The Digital Times, University College of the Cariboo (28 mars 2001), (référence du 14 juin 2001) : http://www.cariboo.bc.ca/news/pastmar28/storiesm28/barcougars.html