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David Rokeby

Sens commun et autres structures discursives pour le projet The Giver of Names

David Rokeby, The Giver of Names, 1991-1998 (video)
David Rokeby, The Giver of Names, 1991-1998 (video)
David Rokeby, n-Cha(n)t, 2001
David Rokeby, n-Cha(n)t, 2001 (video)
David Rokeby, n-Cha(n)t, 2001 (video)
David Rokeby, Gardian Angels, 2001 (video)
David Rokeby, Gardian Angels, 2001 (video)
La fondation a soutenu la recherche de David Rokeby en vue de développer l’infrastructure technologique d’une version améliorée de The Giver of Names (1990-), projet évolutif qui constitue une avancée complexe en perception artificielle et en génération d’unités linguistiques assistée par ordinateur.

The Giver of Names a pour but d’exposer les procédés complexes présidant à la saisie des phénomènes dans les systèmes linguistiques humains et informatiques. L’œuvre se compose d’une interface intelligente traduisant en mots les caractéristiques d’objets physiques que le spectateur choisit et dispose devant une caméra. Un ordinateur analyse les données visuelles recueillies et établit des liens avec un réseau préexistant de paramètres sémantiques emmagasinés dans une base de données relationnelle. Enfin, sur un écran, s’affiche une phrase qui fait état du processus d’association. À l’instar de l’interface de Very Nervous System (1986), le dispositif se présente à la fois comme une plate-forme d’exploitation informatique et une installation. La première mouture de cette œuvre est présentée à Oboro (Montréal, Canada) (1) en 1998 et au Kiasma Museum of Contemporary Art (Helsinki, Finlande) en 2000 et jouit d’une fortune critique appréciable.

Rokeby a utilisé les applications développées pour The Giver of Names dans la conception de n-Cha(n)t (2001), une installation à plus grande échelle présentée à la Walter Phillips Gallery (Banff, Alberta, Canada) (2) en 2001. L’œuvre recycle sensiblement les mêmes techniques de génération d’unités linguistiques. S’y greffe un réseau d’ordinateurs fonctionnant de façon coordonnée qui partagent entre eux un flot d’associations sémantiques. Ce processus de mise en commun des données culmine au moment où se crée une sorte de synthèse débouchant sur l’énoncé d’une phrase à l’unisson. Plaçant d’emblée le dispositif du côté du récepteur, les modules informatiques sont rattachés à des moniteurs vidéo où apparaît l’image d’une oreille humaine. Lorsqu’il s’adresse vocalement à l’une des composantes de la communauté d’ordinateurs par le truchement d’un micro, le spectateur peut infléchir la synchronisation du module avec ses pairs et réactiver le processus d’association libre de cette unité. De plus, son intervention se répercute sur la distribution globale des données dans le réseau et, à la longue, cette intrusion désamorce la constitution du consensus linguistique qu’orchestrait l’ensemble des modules. Lorsque l’échange entre la machine et le spectateur n’a pas lieu, les unités se ressoudent progressivement.

Les présentes versions de The Giver of Names et n-Cha(n)t disposent d’une capacité limitée à appréhender l’information pour produire des associations riches de sens. Le dispositif extrapole des liens sémantiques selon des relations existantes entre les mots révélés par la structure de la phrase mais ne peut lier hiérarchiquement un groupe de termes à un concept plus général.

Dans cette nouvelle phase du développement de The Giver of Names et n-Cha(n)t, la composante informatique est dotée de fonctions non dirigées qui rendent possible l'acquisition d'une sorte de sens commun à la lecture de textes électroniques. Pour ce faire, le dispositif de conversion des données procède par association de termes dans une structure hiérarchique proche d’un thésaurus terminologique. Bien que les phrases produites par la version récente de The Giver of Names ne semblent pas toujours grammaticalement correctes, elles disposent pourtant d’une logique inhérente au système informatique qui les produit. En vue de trouver un compromis entre la structure associative libre de la machine et la nature communicationnelle du langage humain, Rokeby a élaboré un mécanisme pour générer de plus longs énoncés (sous forme de paragraphes et de textes courts) dont les idées sont pourvues d'une certaine cohérence. D’abord appliquées aux interfaces de n-Cha(n)t et de The Giver of Names, ces solutions théoriques aideront également à développer d’autres projets d’installations interactives. Parallèlement aux présentations en galeries, Rokeby prévoit varier les lieux d’exposition de ce corpus d’œuvres pour soumettre l’interface à un ensemble de contextes sociaux liés à des systèmes d’objets particuliers (supermarchés, musées historiques, etc.).

Seen, The Giver of Names et n-Cha(n)t ont été exposés au Musée des beaux-arts de Montréal à l'automne 2007 dans le cadre de l'exposition e-art : Nouvelles technologies et art contemporain, dix ans d’action de la fondation Daniel Langlois.

Vincent Bonin © 2004 FDL