Steina
Warp, 2000
Produits par le logiciel Image/ine (conçu par de Tom Demeyer), les effets de Warp consistent en des segments vidéo tordus sur eux-mêmes, « torsions temporelles » (time warps) et multiplications générées par la technique du « slit scan » (échantillonnage en temps réel d’un nombre prédéterminé de cadres d’images dans une séquence captée par la caméra et défilement de ces cadres selon des paramètres d’affichage, tels que l’effet de torsion ou de répétition, programmé au préalable. n.d.t.)
Lors de cette torsion, les valeurs temporelles sont traduites en valeurs spatiales, car la durée des mouvements exécutés est présentée spatialement. On peut alors affirmer que le temps est enveloppé, immergé, dans l’espace. Les résultats visuels du « slit scan » affichent des vues multiples de Steina, s’accumulant jusqu’à former une perspective complexe, qui n’est pas sans évoquer la peinture futuriste. Toutefois, la forme sculpturale découle de vrais mouvements captés en temps réel, qui sont inscrits dans le dispositif numérique avec un léger délai et transformés en un objet se déplaçant librement dans l’espace. À l’évidence, l’ordinateur numérique émule son pendant analogique. Inutile de dire que la présentation spatiale se multiplie en elle-même lorsque l’image traverse une série d’écrans sous cette forme sculpturale. Ainsi s’arrête la non-fixité dans l’affichage dérivé de la matrice numérique, car l’image sculpturale intègre le temps et la linéarité mais ne la manifeste pas. Elle expose uniquement le potentiel de cette expansion temporelle, et elle le fait dans une autre dimension, qui est ici l’espace. À ce titre, le concept théorique du numérique (présenter n’importe quelles directions et dimensions dans le registre de la simulation) s’est transformé en « environnement perceptuel » esthétique.
Yvonne Spielmann © 2004 FDL