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Machine Life & David Rokeby

Machine Life, 2004
Susan Ditta, Sara Diamond, David Rokeby, 2004
Machine life. - Kingston: Agnes Etherington Art Centre, Queen's University, 2004. - 63 p. - Comprend un CD-ROM. - ISBN 088911918X.  (1) 

Ditta, Su; Diamond, Sara. - David Rokeby. - Oakville: Oakville Galleries, 2004. - 85 p. - Comprend un CD-ROM. - ISBN 1894707214.  (2) 

Ces deux publications sont présentées conjointement ici parce qu’elles font le pont entre deux générations d’artistes qui partagent cependant des préoccupations, comme l’abandon d’un usage strictement instrumental de la technologie pour embrasser des phénomènes aléatoires et la simulation de la perception humaine, etc. Représentant de cette première génération, depuis les années 1960, Norman White est professeur à l’Ontario College of Art (OCAD, autrefois OCA) (Toronto, Canada) et dans les années 1970 et 1980, avec son collègue Doug Back il a enseigné à de nombreux artistes de la génération suivante (années 1980), dont David Rokeby. Notons que parallèlement aux contributions d’auteurs, les catalogues de ces expositions renferment des compléments multimédias (un CD-ROM pour Machine Life et Norm’s Robots ainsi qu’un DVD pour David Rokeby ) avec des extraits vidéo complétant la documentation de chacune des œuvres exposées.

Le catalogue de Machine Life rassemble trois contributions d’auteurs. Dans « Norman White, Beginning », Ihor Holubizky souligne l’intérêt critique exceptionnel que suscitent les arts médiatiques entre 1968 et 1970, moment où émerge le travail de Norman White. Ce dernier participe à certaines des grandes expositions organisées aux États-Unis à la fin des années 1960, dont Some More Beginnings: An Exhibition of Submitted Works Involving Technical Materials and Processes en 1969 au Brooklyn Museum (New York, États-Unis). Holubizky dresse le parcours de White, allant des premières œuvres robotiques des années 1970 aux projets récents qui exacerbent la tendance ludique de cette œuvre. L’auteur présente les vues parfois ambivalentes de White sur la relation difficile à établir entre art et technologie. Il clôt son exposé en insistant sur l’entropie dans l’œuvre de White qui distingue sa pratique de nombreux projets artistiques calqués sur la notion de progrès technique ou scientifique. Dans « Taken with surprise », Caroline Langill souligne qu’à l’exemple de Norman White, les artistes de la génération suivante s’intéressent également aux aspects non prévisibles de la technologie. Lorsque des unités informatiques d’une œuvre d’art médiatique s’échangent des données de façon aléatoire, les résultats à la sortie produisent un registre d’expériences variées pour le spectateur. Dans « Encountering Machine Life », à l’instar de Caroline Langill, Jan Allen insiste sur la fonction de l’entropie dans les propositions de N. White, qui, selon ce dernier, « constituent des modèles expérimentaux inutilisables ». La démarche de l’artiste tendrait vers une forme d’échec productif, où la technologie se dégagerait des usages déterminés par ses fonctions. Allen rend compte des années d’échanges créatifs entre White et son ancien collègue Doug Back de l’Ontario College of Art. Les deux artistes partagent un intérêt pour le travail manuel menant à la construction des composantes technologiques des œuvres et une approche décloisonnée de l’interactivité. Suit une description d’œuvres présentées dans le cadre de l’exposition.

Le catalogue de David Rokeby rassemble deux contributions d’auteurs. Dans « Between Chaos and Order: The Garden and the Computer in the Work of David Rokeby », Su Ditta rapproche le travail de Rokeby du jardin comme espace suscitant à la fois l’action et la contemplation. Elle relate ensuite le parcours de l’artiste, en décrivant les œuvres emblématiques de sa démarche depuis les années 1980,; séparant les projets où est exploitée la dimension sonore et langagière (Very Nervous System (1986-2004), The Giver of Names (1991-) et n-cha(n)t (2001)), de ceux préoccupés par les limites entre la vision informatique, dirigée par une fonction d’observation analytique et la vision humaine (Watch (1995), Seen (2002) et Taken (2002)). D’autres œuvres (Machine for Taking Time (2001) et Steamingmedia.org (2002)) sont liées à des dispositifs complexes où un lieu réel côtoie simultanément plusieurs représentations de ce lieu, captées à divers moments de la journée ou de l’année. Dans « Interpolation: The Method of David Rokeby », Sara Diamond fait état des recherches à la fois technologiques et esthétiques de Rokeby en évoquant des projets d’artistes se situant entre une application technique (logiciel, protocole) et une intervention artistique. Diamond insiste sur le concept d’invention chez Rokeby et la manière dont ce dernier crée lui-même les outils technologiques nécessaires à la réalisation de ses œuvres pour qu’ensuite ces outils disposent d’une vie indépendante (Very Nervous System, The Giver of Names). L’auteur analyse cette dernière œuvre dans l’optique d’une réflexion théorique sur les différences entre les facultés proprement humaines et des fonctions informatiques de captation et d’analyse de données. Enfin, Diamond commente l’utilisation d’outils sophistiqués de surveillance chez cet artiste, où l’immersion dans l’image et l’expérience esthétique s’accompagnent souvent d’une mise à jour paradoxale des fonctions d’abord coercitives de cette technologie.

Vincent Bonin © 2004 FDL

(1) Document publié à l’occasion de Machine Life, Agnes Etherington Art Centre, Queen's University, Kingston, Ont., Canada, 6 février-18 avril 2004, commissaire: Jan Allen. Artistes participants: Lois Andison, Doug Back, Peter Flemming, Simone Jones, Lance Winn, Jeff Mann, David Rokeby, Norman White. Accompagnant également l’exposition Norm's Robots, Koffler Gallery, Toronto, Ont., Canada, 13 mai-27 juin 2004, Commissaire: Carolyn Bell-Farrell. Artiste participant: Norman White.

(2) Document publié à l’occasion de David Rokeby, Oakville Galleries, Oakville, Ont., Canada, 25 juin-17 octobre 2004, commissaire: Su Ditta. Artiste participant: David Rokeby.