Formé de Clemencia Echeverri, artiste et professeure associée à la Universidad de Colombia, d'Andrés Burbano, artiste et professeur à la Universidad de los Andes, et de Bárbara Santos, artiste, Quiasma est un groupe de recherche au sein du programme de maîtrise en beaux-arts et en arts visuels de l'Universidad Nacional de Colombie. Ce groupe élabore des stratégies de communication alliant art, technologie et culture.
Dans plusieurs régions de la Colombie, la violence est devenue endémique, en raison de la présence du cartel de la drogue, de la guérilla et des activités paramilitaires. Par conséquent, le mode de vie de la population est réglé par cette situation d'insécurité. La vie quotidienne est régie par des mesures restrictives : couvre-feu, état de « bouleversement intérieur » (
Estado de Conmoción Interior)
(1) et déplacements restreints. Dans un tel contexte, les médias écrits et audiovisuels ainsi que les nouveaux moyens de télécommunications, tels que le cellulaire et l'Internet, sont donc devenus les moyens privilégiés de liaison ou d'information entre les régions touchées par la violence. De fait, la télévision est devenue le médium par excellence de représentation de la vie quotidienne des Colombiens. Les membres de Quiasma jugent que ce médium n'offre qu'un angle, qu'un point de vue, qu'une lecture souvent biaisée de la réalité du pays. Le nouveau projet de Quiasma, soutenu par la fondation, mettra l'accent sur les régions de la Colombie touchées par la guerre et les conflits. En effet, une des fonctions de ce groupe est de produire des documents audio-visuels qui servent de pont entre images symboliques et images médiatiques.
Dans le cadre de ce projet, Quiasma a choisi, comme source de données, trois villes situées dans trois zones distinctes de la Colombie marquées par des événements violents : la caraïbe, l'occidentale et l'andine. Chacune de ces zones est caractérisée par des rites, comme des fêtes populaires ou traditionnelles. Chose remarquable, malgré la violence et la situation d'insécurité, ces rites perdurent et sont devenus les seuls moyens de résistance. Ces traditions permettent de maintenir un rythme de vie quasiment normal dans ces communautés. Quiasma s'est donc donné comme objectif de produire un document d'images vidéo et photographiques, d'enregistrements sonores et de musiques, dans le but d'offrir aux Colombiens une expérience artistique susceptible de contrer les effets pernicieux des médias. Son rôle est donc celui d'un agent catalyseur.
Le projet débute en novembre 2002 et se poursuivra jusqu'en novembre 2004. Le matériel recueilli sera diffusé à la télévision, à la radio et sur Internet. L'ensemble des données sera présenté sur support (DVD).