National Institute for Medical Research
NanoScopic Culture
(Londres, Angleterre, Royaume-Uni)
La fondation a soutenu NanoScopic Culture, une série d'interventions d'artistes organisée en 2002-2003 dans le cadre du programme en art du National Institute for Medical Research (NIMR) de Londres. Le NIMR est un centre scientifique voué à la recherche biomédicale. Quatre grands domaines de recherche sont couverts par le NIMR : génétique et développement, infection et immunité, neurosciences et biologie structurelle. Instauré depuis 1998, le programme en art du NIMR encourage les artistes et les scientifiques à travailler dans un environnement favorisant l'expérimentation pratique et le dialogue. Cette interdisciplinarité a permis de constater qu'il y a beaucoup à gagner dans l'appréciation et la compréhension des pratiques en art contemporain dans le contexte d'un environnement scientifique ainsi que dans la médiation des développements scientifiques au moyen des arts.
Dans le cadre de NanoScopic Culture, les artistes participants ont été invités à réfléchir sur la nature des recherches scientifiques d'aujourd'hui. Grâce à l'apport des chercheurs du NIMR, ils se sont penché sur une définition plus approfondie des phénomènes scientifiques et artistiques. Au lieu d'engager une polémique au sujet de la culture et de la science, le propos de NanoScopic Culture suppose l'existence d'une culture qui tente de définir les choses au-delà du monde phénoménologique. Cette culture existe autant dans la pratique de certains artistes que dans le domaine de la recherche scientifique.
Dave Beech, Ansuman Biswas, Invertebrate, Janice Kerbel, Lucy Pedlar, Shellburne Thurber et Emily Wardil ont participé au projet NanoScopic Culture. Dans leur pratique, ces artistes conçoivent des œuvres en sculpture, en art numérique, en performance, en film et en vidéo. Chacun aborde de façon particulière cette relation entre recherche scientifique et artistique.
Par exemple, la proposition de Dave Beech, intitulée « un projet d'enquête », consistait à démystifier les préjugés entourant la recherche scientifique. Ainsi, il a pris comme point de départ les mythes et les préjugés portant sur le domaine scientifique. Ansuman Biswas, quant à lui, a tenté de cartographier la vie, le travail, la mémoire et les histoires du NIMR. Avec son projet Intervention numérique, il s'est servi du modèle de séquençage du génome humain, des archives audio-visuelles et écrites et des procédés de traitement sonore en direct pour démontrer comment les nouveaux médias jouent un rôle important dans la construction de la conscience du NIMR. Distribué sous format CD-ROM, l'œuvre issue de cette recherche est interactive. De son côté, Janice Kerbel s'est intéressée à la fascination qu'exerce sur nous l'autorité des spécialistes, et notre volonté de nous y soumettre, ainsi qu'aux choses qui échappent à la raison. Interdisciplinaire, son travail fait souvent appel à la création de systèmes pseudo-scientifiques qui permettent la fuite, l'invisibilité, l'infiltration ou l'adaptation. Des systèmes qui acquièrent de la crédibilité en dialoguant avec des domaines de connaissances spécialisées.
Au cours de sa résidence au NIMR, Lucy Pedlar a documenté et retracé les déplacements d'un certain nombre de scientifiques. Les données recueillies ont été transcrites sous forme de diagramme, dans le but de montrer la nature conceptuelle du travail effectué par les biologistes structurels et de donner forme aux éléments scientifiques. Le résultat final est un dessin mural monochrome abstrait utilisant un langage visuel approprié au contexte scientifique. C'est à la suite d'une période de recherche de trois mois au NIMR qu'Emily Wardil a expérimenté avec le modèle de l'œuvre qu'elle proposait de réaliser - un modèle exemplaire. En effet, Wardil s'intéresse particulièrement aux façons d'utiliser des exemples pour expliquer et articuler des idées abstraites et complexes. Influencé par ces procédés, son travail est à la fois sérieux et comique. Ainsi, l'aboutissement de sa résidence consistait en la production de sculptures d'un pied de hauteur représentant l'évolution de l'homme, un clin d'œil à la théorie de Darwin.
Finalement, au lieu d'une exposition à durée limitée, tel que prévue initialement, les organisateurs ont opté pour une publication, NanoScopic Culture.
Dominique Fontaine © 2004 FDL