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Marie-Claude Poulin et Martin Kusch

schème

Martin Kusch et Marie-Claude Poulin, schème, 2001
Martin Kusch et Marie-Claude Poulin, schème, 2001 Martin Kusch et Marie-Claude Poulin, schème, 2001 Martin Kusch et Marie-Claude Poulin, schème, 2001
Pour explorer les interactions possibles entre le corps en mouvement et l'image numérique, les artistes Martin Kusch et Marie-Claude Poulin élaborent un projet qui allie danse, performance et nouveaux médias. L'œuvre chorégraphique schème , dont la première a eu lieu lors du Festival international de nouvelle danse 2001, organise des correspondances entre les caméras, les surfaces de projection et les danseurs de manière à multiplier et à entremêler les espaces matériels et immatériels.

Ce projet est le premier conçu au sein de la compagnie kondition pluriel, fondée par les deux artistes au printemps 2000 dans le but de se consacrer au dialogue potentiel entre un corps et un environnement numérique. Ils ont respectivement participé à nombre de projets multidisciplinaires et leur association actuelle se veut propice à la symbiose de pratiques à l'origine distinctes : Martin Kusch réalisant des installations médiatiques et Marie-Claude Poulin élaborant des œuvres chorégraphiques.

Le projet appuyé par la fondation Daniel Langlois, d'abord intitulé //.digital./.perform./.research.//, a connu d'avril à juin 2001 un stade initial de recherche et de développement visant à concevoir une méthodologie pour élaborer un vocabulaire hybride à partir des différentes disciplines sollicitées qui permette à chacune d'elles de contribuer de manière équivalente. Les composantes corporelles, électroniques et informatiques se conjuguent en un langage commun qui évite la domination d'un média par rapport aux autres. Chaque participant du projet devait ainsi adapter son expertise aux réalités techniques et conceptuelles des autres disciplines engagées dans la création.

Pour schème, titre définitif de l'œuvre, Kusch et Poulin ont fait appel à d'autres artistes connus pour leur propension à l'expérimentation. Line Nault a participé à l'élaboration ainsi qu'à l'exécution de la chorégraphie. Cette partenaire ponctuelle de Poulin depuis une dizaine d'années a suivi un parcours marqué par la danse, le théâtre et le cinéma. Alexandre St-Onge, responsable de l'installation sonore, a enregistré, en 1999, un disque de musique expérimentale, Image/Négation, sous l'étiquette Alien 8. Bassiste à l'origine, il a fait partie de diverses formations musicales, dont Klaxon Gueule. Il s'intéresse à l'improvisation ainsi qu'à la recherche impliquant le matériau sonore.

Kusch et Poulin ont créé un laboratoire d'expérimentation où ils ont travaillé à partir de divers protocoles et logiciels informatiques, aidés en cela par le programmeur Alexandre Burton. Une grande partie du projet repose sur les protocoles MIDI et TCP/IP qui permettent de traduire l'information analogique en langage numérique; les données sont ensuite interprétées par des logiciels, tels que BigEye, puis remaniées avec Image/ine et Opcode's MAX. Les visualisations tridimensionnelles sont produites avec le logiciel Softimage|3D et l'application en temps réel, avec NATO.

Outre les programmes déjà accessibles, le projet a nécessité le développement d'outils particuliers, comme un système de positionnement flexible pour deux projections vidéos permettant l'étagement d'images projetées sur des écrans disposés les uns derrière les autres. Il était aussi question de concevoir un moteur permettant de changer la position des projecteurs vidéo selon les mouvements du performeur de même que de développer, de concert avec l'ingénieur électronique Glenn Silver, un accessoire servant aux déplacements du signal vidéo entre trois caméras par l'entremise de détecteurs de mouvements.

Grâce à cet équipement, une interaction minutieuse s'établit entre les divers éléments de l'organisation scénique de schème, qu'ils soient humains, mécaniques ou informatiques. La position, la vitesse et l'accélération du performeur influencent en temps réel la vitesse et la direction des mouvements d'un personnage préalablement filmé. Le déroulement consiste à évaluer puis à orchestrer les données captées et analysées par ordinateur, puis manipulées à nouveau par les accidents physiques qui composent une chorégraphie. Les situations filmées sont transmises à un ordinateur qui traite l'information, la transforme et la diffuse. Le danseur réagit à l'image retransmise de sorte qu'un échange s'installe entre lui et la machine.

Malgré le nombre imposant d'outils techniques, schème se veut attentive aux conséquences esthétiques de l'installation de même qu'à la présence émotive des interprètes. L'œuvre met en scène des lieux imaginaires (des espaces tridimensionnels projetés sur écrans que le performeur manipule et parcourt en temps réel) présentés comme extension des lieux réels. Le concret et le simulacre s'y chevauchent de manière à produire un repositionnement par rapport aux codes familiers des espaces quotidiens et ceux de la représentation.

Catherine Mussely © 2001 FDL