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Roy Ascott, Telematic Embrace

Roy Ascott, Telematic Embrace, 2003
Ascott, Roy. — Telematic embrace : visionary theories of art, technology, and consciousness. — Sous la direction de Edward A Shanken. — Berkeley : University of California Press, 2003. — 464 p. — ISBN 0520218035.

Depuis les années 1960, Roy Ascott réalise des installations médiatiques et publie des textes soulignant les enjeux théoriques de sa pratique. En 1994, il fonde le Centre for Advanced Inquiry in the Interactive Arts (Caiia) à l'université de Wales (Newport, Pays de Galles, Royaume-Uni).

En guise d'introduction à cette anthologie, un essai de 95 pages d'Edward A Shanken illustre le cheminement d'Ascott, débutant par l'analyse des œuvres faisant appel à la rétroaction dans les années 1960, et se concluant sur la présentation des projets d'art réseau réalisés dans les années 1980 et 1990. Shanken inscrit le travail d'Ascott dans l'histoire du développement des arts médiatiques depuis 1960 tout en liant les propositions artistiques aux discours critiques qui lui servent alors d'assise (cybernétique, théorie de la communication, sciences cognitives, postmodernisme). Dans une partie substantielle de sa contribution, il fait état des premières expériences menées par des artistes désirant s'approprier des outils de télécommunications (les satellites, la télévision par câble, etc.). Shanken souligne également la parenté des propositions artistiques d'Ascott avec les stratégies de dématérialisation à l'œuvre dans l'art conceptuel.

L'anthologie réunit des essais d'Ascott initialement publiés entre 1964 et 2000, dans des revues spécialisées en art technologique et en science ainsi que dans les actes de colloques.

À travers une première tranche d'essais rédigés dans les années 1960 et 1970, Ascott tente de définir le paradigme dans lequel devrait s'inscrire l'art à l'ère de l'information. Il applique les postulats de la cybernétique et du behaviorisme aux œuvres utilisant un dispositif technologique et faisant appel à la participation du spectateur. Selon Ascott, ces œuvres ont la capacité de modifier le comportement de celui qui en fait l'expérience et agissent rétroactivement à l'échelle sociale. Dans les essais rédigés à cette période, il expose également sa vision de l'enseignement des disciplines artistiques en proposant que le processus d'apprentissage prenne le pas sur l'accumulation des connaissances.

À partir de 1980 et 1990, la réflexion d'Ascott est suscitée par l'accès relatif aux outils de télécommunication (vidéoconférence, réseau informatique) lui permettant d'étayer dans des propositions technologiques sophistiquées, les postulats élaborés sur une base conceptuelle depuis 1963. Parallèlement à la réalisation de projets d'envergure, Ascott échafaude une définition de l'art tenant compte des concepts de télématique, de réseau, d'interactivité et d'interface, termes faisant alors leur apparition dans le champ artistique.

Spéculant sur cet espace généré par les réseaux où les frontières géographiques et la matérialité du corps se dissipent, Ascott actualise des notions dérivées de la métaphysique de Teilhard de Chardin ainsi que des philosophies asiatiques. Parallèlement à la réflexion théorique, les essais de cette période (dont la majorité sont publiés avant l'apparition d'Internet), comportent des descriptions de projets en réseau réalisés lors d'événements artistiques d'envergure (l'exposition Les immatériaux au Centre Georges Pompidou en 1985, la Biennale de Venise en 1986, Ars Electronica en 1989) mobilisant des intervenants disséminés en plusieurs points du globe, qui échangent sur des thèmes liés à la nouvelle sphère médiatique. Cette partie de l'anthologie comprend également des textes abordant le statut de la photographie à l'ère numérique, l'architecture, le musée et la nature dans un environnement médiatisé ainsi qu'un glossaire de cent termes (dont certains constituent des néologismes inventés par Ascott) ayant pour objectif de baliser les enjeux de l'ère « post-biologique ».

Vincent Bonin © 2003 FDL