Toni Dove
Spectropia: A Ghost Story on the Infinite Deferral of Desire
Toni Dove, Spectropia, 2001.
Film/installation à composantes interactives tourné en vidéo numérique. Image tirée de Spectropia, 2001. Directeur de photographie : Sam Levy. Composition d’image : Toni Dove.
Gracieuseté de l’artiste.
La fondation Daniel Langlois a soutenu le développement de Spectropia: A Ghost Story on the Infinite Deferral of Desire, second volet d’une trilogie d’installations narratives interactives amorcée en 1998 et dont la première partie, Artificial Changelings a fait l’objet de nombreuses présentations publiques aux États-Unis et en Europe. Coproduit par The Institute for Studies in the Arts (Tempe, Arizona, États-Unis), The Banff Centre for the Arts (Banff, Alberta, Canada) et Thundergulch, Spectropia est un long métrage à composantes interactives conçu dans l’optique d’une performance théâtrale. Une version de Spectropia est également prévue pour l’utilisation à la maison grâce à une combinaison de DVD et de transfert par Internet. Le long métrage conjugue la chronique historique au récit de science-fiction.
L’action se situe en 2066; une archéologue (Spectropia) habite une cité où il est interdit de réactiver le passé sous quelque forme que ce soit. Or chaque jour, les déchets s’y accumulent. Avec un dispositif qui lui permet de simuler le contexte historique entourant les artefacts et objets laissés-pour-compte, Spectropia se catapulte à New York, en 1931. Au moment de la crise économique, la structure du capitalisme se consolidait par l’endettement de la population américaine avec les conséquences sociales désastreuses que l’on sait. Témoin des paradoxes de cette époque plutôt sombre, Spectropia cherche à tisser des liens entre le New York des années 1930 et la cité qu’elle habite au XXIe siècle. Ce voyage dans le temps permet au personnage d’adopter le point de vue d’une aristocrate des années 1930 et de vivre ses passions amoureuses par procuration. Or, dès que Spectropia tente un contact intime avec un homme du XXe siècle, elle est de nouveau projetée en 2066. Ainsi, la conclusion du récit est minée par les désirs inassouvis et impossibles à combler du personnage principal.
Toni Dove conçoit Spectropia comme une œuvre hybride qui conjugue l’événement théâtral au jeu vidéo pour multiples participants. Les segments vidéos et la trame sonore sont activés par des capteurs de mouvement et des dispositifs de reconnaissance vocale. Lors de la présentation publique du film, deux tuteurs-joueurs manipulent la console et modulent simultanément les tranches de récit attribuées aux personnages du XXe et du XXIe siècles. La participation des spectateurs est aussi sollicitée. L’installation comprend de multiples paliers d’interaction. Ainsi, le joueur peut dialoguer avec un personnage, partager ses pensées intimes ou disposer d’un point de vue panoramique sur l’action en cours. Les images vidéos sont projetées sur plusieurs écrans placés en arc devant les spectateurs.
Pendant la réalisation du projet et les étapes de postproduction, Toni Dove s’est entouré de nombreux collaborateurs techniques dont David Rokeby, Bob Carpenter, J.J. Gilford et David Zicarelli, concepteur du logiciel MAX, qui agissait à titre de consultant. Julio Soto et Sebastian Bilbao de l’agence Black Logic étaient responsables des segments animés par ordinateur. Enfin, Perry Hoberman a contribué à l’intégration des composantes interactives de la scénographie de Spectropia.
Vincent Bonin © 2004 FDL