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Natalie Jeremijenko

OOZ

Natalie Jeremijenko, Robotic Geese, 2003
Natalie Jeremijenko, Robotic Geese, 2003 Natalie Jeremijenko, Robotic Geese, 2003 Natalie Jeremijenko, Robotic Geese, 2003
Contrairement à un zoo traditionnel, OOZ est un lieu où les animaux restent par choix, un zoo sans cages. Mais à l’instar d’un zoo traditionnel, il s’agit également d’un lieu où interagissent humains et animaux même si l’activité d’un site OOZ diffère de celle d’un zoo traditionnel. OOZ est interactif – il offre aux humains une série d’actions, les animaux fournissent des réactions et ce couplage enrichit un bassin collectif d’observations. L’interface humain/animal a deux composantes : 1) une architecture de réciprocité, c’est-à-dire que toute action que vous pourriez diriger vers un animal, l’animal peut la diriger vers vous; 2) une architecture informationnelle basée sur des observations et des interprétations collectives. OOZ porte sur les processus d’apprentissage qui révèlent les interconnexions parmi les systèmes naturels complexes et s’intéresse à la dimension politique visant à changer les idées de quelqu’un quant à son rôle dans l’environnement local.

En effet, tous les concepts politiques fondamentaux sont naturalisés par l’entremise des animaux. Une des stratégies les plus persuasives utilisées pour encourager l’acceptation de l’homosexualité a été de démontrer son ubiquité dans le monde non-humain et, inversement, l’argument que ce n’était « pas naturel » justifiait la séparation des couples homosexuels - le même argument ayant été utilisé contre les mariages interraciaux et interculturels. Les lectures politiques du monde animal – ses modèles de gouvernance, ses négociations territoriales, ses dynamiques sociales – sont, comme plusieurs l’ont argumenté, le principe premier sur lequel est validée la politique. Comme l’énonce le sociologue des sciences Bruno Latour : « La nature, loin d’être un domaine évident de la réalité, est une façon d’assembler un ordre politique sans les processus qui conviennent ». Il propose lui aussi de mettre fin à la dichotomie entre nature et société et revendique à sa place une incorporation collective des humains et des non-humains. Les animaux préparent et répètent de nouvelles idées dont le statut est politique, même si, et sans doute parce qu’ils restent sub-humains. Bien que les animaux représentent la base des sciences biologiques et des connaissances médicales contemporaines, c’est l’utilisation de l’animal comme modèle sociopolitique que l’artiste veut rendre explicite avec le projet OOZ.

Jacques Perron © 2006 FDL