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Ricardo Dal Farra

Collection de musique électroacoustique latino-américaine

Contexte historique

Le laboratoire de musique électronique CLAEM, Buenos Aires, 1964
Introduction (1)

L’évolution de la musique électroacoustique est principalement associée à quelques pays qui nous sont déjà familiers et où le travail précurseur a débuté. Mais la création de musique à l’aide de technologies électroacoustiques (malgré maintes différences, j’utiliserai le terme « musique électroacoustique » dans ce texte) a aussi grandement intéressé les compositeurs vivant en Amérique latine avant les années 1950. Il existe toutefois un manque notable d’information à cet égard, et peu de recherche a été effectuée dans ce domaine.

Ayant commencé à travailler dans le domaine de la musique électroacoustique au milieu des années 1970 dans mon Argentine natale, il m’a été très difficile d’obtenir de l’information sur les activités dans ce domaine dans les pays voisins et même dans ma propre ville. Bien que difficile, il était néanmoins possible de trouver les enregistrements de compositeurs vivant en Europe ou en Amérique du Nord, mais plus ardu d’en trouver par des compositeurs locaux ou régionaux. Ce qui semblait un paradoxe, durant les premières années de ma recherche, s’est révélé plus tard presque une constante. On pouvait aisément trouver le nom des compositeurs et le titre de leurs œuvres, mais non leur musique. Il m’a fallu beaucoup de temps pour enfin obtenir les enregistrements de musique électroacoustique de compositeurs vivant ou travaillant dans des pays d’Amérique latine et découvrir un monde sonore qui était resté caché, sinon perdu.

Si les gens s’intéressaient à l’art et aux nouvelles technologies, et s’il existait un corpus important d’œuvres musicales électroacoustiques de compositeurs latino-américains, pourquoi donc était-ce si difficile de trouver des enregistrements ou au moins une certaine documentation de base sur le sujet? Il n’y a pas de réponse simple, mais j’ai découvert, pendant ma recherche, quelques indices qui soulignent les relations complexes entre les sphères économique, politique, culturelle et sociale.

Dans divers pays d’Amérique latine, les universités, les organismes d’État et de grandes fondations privées avaient de temps en temps pris l’initiative de soutenir la recherche en art et le recours aux nouveaux médias, mais la plupart avaient cessé avant de développer les ressources pour documenter les processus et préserver les résultats. De nombreuses compositions sur bande avaient été perdues, ou les enregistrements d’origine endommagés, et il n’existait plus de partitions ou de documentation. Heureusement, un grand nombre d’enregistrements pouvaient être préservés. Des bandes étaient conservées dans des studios privés et au domicile des compositeurs, et nombre d’entre elles avaient été oubliées sur des étagères dans de grandes institutions pendant des décennies, sans que rien ne soit entrepris pour les conserver ou les rendre accessibles aux personnes intéressées.

Préserver un chapitre de notre passé tout en tentant d’en tirer des leçons n’est pas chose aisée. Beaucoup s’y sont adonnés dans le passé et nous pouvons tous apprendre de leurs actions (et leurs enseignements ne concernent pas que la musique). La créativité foisonne en Amérique latine et, bien entendu, cela correspond à notre passé. Étant d’avis que nous devons nourrir nos souvenirs, j’espère contribuer à ce processus en en préservant quelques-uns par le truchement d’une action concrète.

Ricardo Dal Farra © 2004 FDL

(1) Ce texte est disponible aussi en version imprimable PDF en français ou en espagnol.

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